Des histoires de marathon
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Ce week-end se tiendront les différentes épreuves du Rock ’n’ Roll Marathon de Montréal, au cours desquelles près de 18 000 participants défileront dans les rues de la métropole, chacun avec son histoire et son intention. Quatre coureurs partagent les leurs.
De père en fils : la famille Voyer
Du 1 km au marathon
En 1980, Bernard Voyer, 26 ans, était le premier Québécois à remporter le marathon de Montréal en 2 h 24 min 41 s En 2019, son fils, Jérôme Voyer Poirier, 37 ans, participera à son premier marathon ce dimanche. « J’aspire juste à un temps décent », dit-il. « En bas de quatre heures » précise-t-il, confiant.
Jérôme n’était pas encore né lorsque son père a marqué l’histoire, une fois, puis une seconde fois, l’année suivante, en abaissant son record personnel. Il n’était qu’un bambin lorsque son père a bouclé une performance de 2 h 20 min 13 s au marathon d’Ottawa en 1988, une course qui figure toujours en 8e position des meilleures performances québécoises au marathon de tous les temps. « C’est en tombant sur des archives de Radio-Canada, où je travaille, que j’ai vu les vidéos de cette période. J’en ai eu des frissons, et je me suis dit que j’allais faire un marathon un jour, moi aussi », partage Jérôme. Sa conjointe, sa sœur, son beau-frère et ses neveux seront aussi du départ ce week-end : celui du 10 km pour les adultes, celui du 1 km pour les enfants.
Bernard Voyer a choisi le 10 km : « Je voulais être réaliste ! Et je n’y ferai pas un temps de 30 minutes, comme dans le temps. À 65 ans, je me suis dit que passer sous la barre des 40 minutes pourrait être un bel objectif pour moi. » Le désir de performer ne s’éteint pas avec l’âge. Une telle performance ne marquera pas l’histoire de la course au Québec, mais, l’expérience, sans aucun doute, celle de la famille.
Maude Camiré, 24 ans
Demi-marathon
« J’ai toujours été une grande sportive, puis il y a trois ans, je n’étais plus capable de me sortir du lit. J’avais l’impression que tous les os de mon corps se brisaient à chacun de mes mouvements », raconte Maude Camiré. Le diagnostic ? Polyarthrite séronégative, une maladie qui apparaît en général entre 40 et 60 ans. « C’est comme si mon système immunitaire percevait toutes mes articulations – mes hanches, mes genoux, mes coudes, toutes – comme des corps étrangers, et il les attaquait », explique la coureuse de 24 ans.
Une chimiothérapie à petite dose maîtrise depuis ses symptômes et sa douleur, la laissant toutefois immunosupprimée et conséquemment vulnérable. « J’ai commencé à courir il y a un an et demi, et ça m’apporte beaucoup de bien, physiquement et mentalement. Ce sera mon premier demi-marathon ! Je me suis bien préparée, malgré un été difficile incluant une hospitalisation », partage Maude Camiré. « Pour moi, c’est important de le faire. Je ne veux pas m’arrêter à ma maladie : elle ne me définit pas. Oui, je suis malade, mais je suis aussi capable », dit la coureuse de Montréal.
Le Cœur & Les Jambes
Marathon
Il y a leurs chandails roses, mais c’est surtout toute l’énergie que dégage ce groupe de coureurs autour d’un jeune assis dans la joëlette qui attire l’attention. Dimanche, ce sont Moussa, 4 ans, Sébastien, 8 ans, et Mélodie, 10 ans, trois jeunes suivis à l’Hôpital Sainte-Justine, qui trôneront sur la joëlette, un fauteuil tout-terrain monoroue qui leur permet de vivre une expérience sportive qui leur serait autrement inaccessible. Ils seront entourés d’une dizaine de coureurs du Cœur & Les Jambes. « Dimanche, nous serons huit coureurs à courir la distance complète du marathon. C’est une année record pour l’organisation ! Quinze autres se relayeront des distances variant entre 10 et 30 km. Tout gravite autour des jeunes ! On veut qu’ils vivent une expérience mémorable », dit Jean-Philippe Marcoux, infirmier de profession et bénévole du Cœur & Les Jambes. En changeant de position aux cinq minutes, tous les coureurs de l’organisation soutiennent les enfants, littéralement, tour à tour, et les accompagnent, toujours. Il n’est pas question de performance individuelle. Ils prêtent leurs jambes, et ils courent avec leur cœur pour ces enfants qui aimeraient bien pouvoir en faire autant.
Marguerite Béchard, 12 ans
Demi-marathon
Marguerite Béchard commence par un aveu : « J’ai participé l’année dernière en disant que j’avais déjà 12 ans pour qu’on accepte mon inscription... » Ce sera donc le deuxième demi-marathon de la jeune coureuse de la région de Joliette, qui a découvert la course à 6 ans. « Je voyais ma mère commencer à courir, et j’ai eu envie de m’y mettre aussi ! » partage Marguerite. Elle a gravi les échelons de la course, une distance à la fois : 5 km, 10 km, 15 km, demi-marathon... « Le marathon, c’est certain que je veux en faire un ! Plus tard », dit la jeune coureuse. « Mais le plus tôt possible ! » ajoute-t-elle immédiatement. À 12 ans, Marguerite aspire pour l’instant à peut-être passer sous la barre des deux heures au 21,1 km. Elle a fait ses devoirs, cumulant des sorties avec sa mère, marathonienne expérimentée, en plus des entraînements de son programme Sport-études en triathlon. Dimanche, mère et fille courront ensemble. « Marguerite dit que je suis sa source d’inspiration, mais je sens maintenant que les rôles se sont inversés. C’est difficile de rester assise lorsque je la vois aller ! Et elle me donne même le goût de tenter un triathlon... », partage Sylvianne Renaud.