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Le président Trump n’en ressortirait pas plus fort

Le président Trump n’en ressortirait pas plus fort
Photo AFP

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L’enclenchement d’un processus qui pourrait mener à la destitution du président Trump ne l’aidera pas à se faire réélire, même s’il est acquitté au Sénat.

Selon certains commentateurs futés, en enclenchant le processus d’impeachment, Nancy Pelosi est tombée dans le piège tendu par Donald Trump, qui en sortira renforcé.

C’est faux. Le président bluffait et ses cartes n’ont pas l’air très fortes. Même si Trump n’est pas destitué par le Sénat, le fait qu’il deviendra le troisième président de l’histoire à être formellement mis en accusation par la Chambre des représentants sera davantage un fardeau qu’un atout pour sa réélection.

Un cas idéal

L’affaire ukrainienne a tout ce qu’il faut pour faire accepter cet acte d’accusation par le public, et on observe déjà un rapide mouvement de l’opinion vers la destitution.

C’est simple. Trump a utilisé les pouvoirs de la présidence pour inciter un dirigeant étranger à nuire à son principal opposant politique. C’est un abus de pouvoir flagrant et les preuves déjà disponibles sont accablantes.

Panique

Ce qui empire les choses pour Trump, d’un point de vue politique, est l’état de panique qui semble s’être emparé de la Maison-Blanche.

Les déclarations à l’emporte-pièce du président, de plus en plus incohérentes et parfois teintées de violence, plaisent peut-être aux inconditionnels de sa base, mais elles repousseront les électeurs modérés dont son parti et lui ont aussi besoin.

L’obstruction systématique de l’administration Trump et son refus de collaborer avec le Congrès, en plus d’accentuer la perception de culpabilité, constitueront probablement un chef d’accusation en soi. Lors du Watergate, l’un des chefs d’accusation les plus irréfutables contre Nixon portait sur ses entraves à la justice.

Un fardeau en 2020

Il est vrai que dans l’état actuel des choses, un verdict de culpabilité au Sénat est improbable.

Ceux qui croient qu’un désaveu sans condamnation ne nuira pas à Trump citent l’exemple de Bill Clinton, qui est resté plutôt populaire après son « impeachment ». C’est trompeur, car le scandale y a été pour beaucoup dans la défaite des démocrates en 2000.

Il est aussi vrai que les choses ne resteront probablement pas dans leur état actuel. Au fil des témoignages et des nouvelles révélations, la perception de la faute commise par le président se précisera dans l’opinion, peut-être suffisamment pour convaincre certains législateurs républicains de défier la colère de leur porte-étendard.

Il est aussi à prévoir que la pression soutenue provoquera de nouvelles erreurs de la part du président. Si la tendance se maintient, Donald Trump continuera à mentir, à attaquer sans retenue ses opposants (ou ses partisans s’ils ne l’appuient pas assez à son goût), bref à perdre les pédales.

Déjà, les Américains sont exténués par sa présidence, et si les derniers jours sont un indice de la façon dont Donald Trump réagira à chaque étape de ce processus, il ne serait pas étonnant de voir les électeurs lui demander de déménager son cirque ailleurs en 2020.

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