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Le bois reprend sa place dans la construction

Une entreprise de Saint-Jean-Port-Joli innove dans les matériaux pour l’écoconstruction

Art Massif
Photo courtoisie, Daniel Thibault Un travailleur de l’usine d’Art Massif, située à Saint-Jean-Port-Joli.

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Des poutres énormes en bois massif pour soutenir des édifices à bureaux, un stade ou un palais de justice, et qui remplacent des matériaux énergivores comme l’acier ou le béton. C’est ça, en gros, l’écoconstruction. Construire avec le moins d’impacts négatifs possible sur l’environnement.

C’est la mission que s’est donnée Art Massif, créée en 2010 et qui compte une trentaine de salariés à son usine de Saint-Jean-Port-Joli.

Art Massif
Photo courtoisie, Daniel Thibault

L’entreprise vient de recevoir un coup de pouce d’investisseurs comme le Fondaction et la Banque de développement du Canada (BDC), pour lui permettre d’agrandir la surface de production de son bois lamellé-collé et de renouveler son parc d’équipements.

Le bois étant capteur de carbone, alors que l’acier ou le béton en sont émetteurs, les bâtiments en bois permettent de séquestrer du carbone, comme le fait une forêt, mais à petite échelle, explique Geneviève Constancis, ingénieure forestière et responsable du développement des affaires d’Art Massif.

Un virage dans l’industrie

« C’est un virage qui va se faire dans l’industrie de la construction au cours des prochaines années et décennies. Dans notre lutte aux changements climatiques, le bois et les matériaux naturels vont prendre une place de plus en plus importante », dit-elle.

Au Québec, on utilise déjà beaucoup de bois dans les maisons résidentielles. Le défi est de pénétrer les secteurs commercial et non résidentiel.

« Les petits édifices à bureaux, des Tim Hortons, par exemple, les restos, bars, épiceries... c’est le gros du marché qu’il faut changer », dit Geneviève Constancis.

Résistant au feu

La question inévitable : les constructions en bois sont-elles plus à risque de brûler ? Cela peut sembler contre-intuitif, mais le bois est très résistant au feu.

« Si vous partez un feu dans votre foyer, vous allez utiliser des petits bouts de bois, du bois d’allumage. Si vous mettez une bûche de souche dans le feu, ça ne partira pas. De la même façon, si on faisait seulement des murs en 2x4 sans les protéger avec du gypse, ce serait évidemment dangereux. Mais de gros éléments de bois, c’est très résistant », explique Mme Constancis.

Pour des intervenants comme les pompiers, le bois permet aussi de mieux estimer le temps de résistance, contrairement à des structures d’acier qui fondent et s’effondrent sans avertissement.

Un diplômé du bois qui innove

Après avoir décroché trois diplômes d’études professionnelles (DEP) à l’école de foresterie de Duchesnay, à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Andrew Larochelle possède aujourd’hui son entreprise d’affûtage à Inverness, sur le chemin Gosford.

Dans son garage, il aiguise des couteaux pour les restaurateurs, des lames de scie pour moulins portatifs et des chaînes pour les bûcheuses multifonctionnelles qui vont en forêt.

« Mon grand-père avait un moulin à scie et j’aimais beaucoup l’aider. À 16 ans, je suis allé suivre un cours en sciage et en classement des bois débités à l’École de Duchesnay avec l’idée de repartir le moulin de mon grand-père, décédé en 2000. Mais ça prend de l’argent pour repartir une business, et je n’en avais pas assez », dit l’homme âgé de 30 ans.

Des scies qui ne coupent pas

C’est en travaillant dans un moulin à scie que le déclic se fait. « Les scies ne coupaient pas ! Ça nuisait à la production. J’ai quitté le travail pour aller suivre un autre cours, celui d’affûteur. Je voyais bien qu’il y avait une demande », raconte-t-il. Cependant, ils étaient seulement quatre dans le cours d’affûtage au départ, et trois à la fin du cours. « La relève se fait rare dans ce domaine. »

Plus tard, Andrew met le cap sur l’Alberta, pour y travailler dans la construction.

« En quatre mois, je faisais plus d’argent qu’en un an ici à travailler dans une usine. J’ai économisé et amassé 150 000 $, ce qui m’a permis de démarrer mon entreprise à mon retour ici. J’ai pu investir dans un garage, l’équipement et un camion pour faire le service à domicile », dit-il. Aujourd’hui, les affaires roulent.

« C’est seulement la deuxième année, mais avoir dix clones de moi-même, j’aurais de l’ouvrage pour tout le monde ! »

Grâce à Facebook

Andrew Larochelle a pris une résolution cette année : expliquer les facettes de son métier par le biais de vidéos publiées sur sa page Facebook. « On s’entend que l’affûtage, ce n’est pas aussi sexy qu’un gars qui saute en parachute, j’ai donc essayé de rendre ça intéressant. Ça a marché puisque certaines de mes capsules étaient vues plus de 150 000 fois. Mais j’ai vite fait le tour, alors maintenant je conte une blague, chaque vendredi », dit-il. Et ça marche ! Depuis janvier, trois millions de personnes ont regardé ses vidéos, ce qui lui amène plusieurs nouveaux clients. « J’ai quadruplé mon chiffre d’affaires. L’an dernier j’allais rencontrer les clients en camion, cette année les clients viennent à moi ! »

Campagne électorale oblige, Andrew dit qu’il blaguera sur les élections cette semaine sur sa page. Gageons que ça lui apportera quelques clients de plus...

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