Un récit poignant sur le deuil parental
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Blogueuse bien connue des mamans, Maude Michaud fait une première incursion dans la fiction avec Pieds nus dans la gravelle, un roman à fleur de peau qui aborde la délicate question du deuil parental.
Le récit s’ouvre sur une jeune femme qui se tient seule face à la mer dans un endroit qu’on devine paradisiaque. Cependant, elle n’a pas le cœur à la fête. Elle a dans ses mains un test de grossesse qui lui révèle qu’elle attend un enfant du meilleur ami de son amoureux. Une vague de culpabilité la submerge à l’idée d’avoir bafoué l’homme de sa vie et qu’un autre bébé va prendre la place de sa petite Lili, décédée un an plus tôt. Il y a des émotions dont on ne peut se sauver, même quand on se trouve au paradis.
La narratrice déroule le fil de son existence à la recherche d’un sens caché à sa grande douleur. Sous la forme d’une confidence faite à sa fille, elle revient sur son enfance marquée par l’abandon de sa propre mère, ses premières amours et ses espoirs de jeune maman. La charge émotive est palpable et on sent la jeune femme sur le point de sombrer. Verra-t-elle un jour la lumière au bout du tunnel ?
Devoir de solidarité
L’auteure Maude Michaud confie en entrevue qu’aborder ce thème était délicat, mais nécessaire à ses yeux. « Sur mon blogue [La parfaite maman cinglante], plusieurs mères m’écrivent pour me raconter comment elles ont vécu un deuil parental, et ce qui ressort souvent de leur témoignage c’est que la question demeure taboue dans leur entourage. Les gens agissent comme si rien n’était arrivé. Pourtant, le deuil est bien réel. »
En écrivant ce roman, Maude Michaud a voulu rendre cette réalité plus concrète à ceux qui sont étrangers à un tel drame. « Je souhaitais aussi offrir quelque chose aux mamans qui l’ont vécu pour leur dire qu’elles ne sont pas seules », ajoute celle qui est mère de trois enfants.
Souci de réalisme
Pour donner plus de crédibilité à sa démarche d’écriture, Maude Michaud a recueilli le témoignage de trois mères ayant vécu un deuil parental. « Dès le départ, c’était évident que je devais parler à des femmes qui sont passées par cette épreuve, sinon je me serais sentie comme un imposteur. J’ai pris des petits bouts de leur histoire pour créer celle du personnage. Elles vont sûrement se reconnaître. »
L’auteure garde un souvenir impérissable de ces rencontres. « Ce qui m’a frappé chez elles, c’est leur grande volonté de survivre. Elles essayent d’amener du beau et de la lumière dans leur expérience malgré la grande douleur, même si, par la suite, elles vivent leur maternité dans une peur constante. »
Espoir
Dans un style dépouillé, parfois cru, Maude Michaud signe un premier roman aussi dense que sensible sans jamais forcer la note. « J’avais un peu peur que ce soit reçu comme un gros ciel rempli de nuages gris. Finalement, les gens ont vu des éclaircies dans mon histoire. Certaines mères m’ont dit que ça leur avait fait mal de le lire, mais que grâce au roman, elles se sont senties moins isolées dans leur deuil. »