«On ne naît pas proxénète»
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« Les pimps sont dégueulasses. Mais il faut se rappeler que personne ne naît criminel. »
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Fady Dagher, chef du Service de police de l’agglomération de Longueuil, insiste : ce n’est pas que la répression qui éradiquera le fléau qu’est l’exploitation sexuelle, mais bien l’éducation.
« À la fin d’une enquête, si on réussit à faire condamner le proxénète, j’ai rempli mon rôle. Mais à mes yeux, ce n’est pas une réussite. Si j’arrive à l’éviter [le proxénétisme], là c’est un réel succès », explique Fady Dagher.
Le directeur de police en a marre d’être en « constante réaction ». Ce qu’il espère, c’est plutôt prévenir.
« Un seul proxénète que je peux récupérer avant, ça, c’est souvent aussi cinq filles que j’épargne du milieu du proxénétisme, lance-t-il. Il y a un travail en amont à faire avec les garçons. »
Si présentement 80 % des efforts sont mis dans la répression et 20 % dans la prévention, il aimerait d’ici 10 ans inverser la pyramide.
Bon gars, mauvaise décision
Il ajoute que c’est souvent « une mauvaise décision » qui amène le garçon ou la fille dans ce milieu.
Même son de cloche pour René-André Brisebois, qui travaille auprès de jeunes à risque de devenir proxénètes ou qui le sont déjà.
« Aucun d’eux ne se lève en se disant : “Je vais devenir un méchant proxénète.” Il faut comprendre qu’eux aussi, ils sont recrutés. »
« Ils voient l’exemple des autres. Et l’exemple des pairs, c’est très fort. Certains voient que c’est une façon de faire de l’argent et de s’en sortir dans la vie. », explique-t-il, ajoutant que plusieurs ont des « histoires de vie, des contextes familiaux très difficiles ».
« Parfois, ce sont de bons gars qui font de mauvaises affaires », ajoute M. Brisebois, précisant que le plus tôt on intervient auprès d’eux, le plus efficace ce sera.
« Je crois en l’humain. Je pense qu’on peut récupérer des individus. Peut-être que je suis naïf de croire ça, si oui ça fait 28 ans [en tant que policier] que je le suis », ajoute Fady Dagher.