Fitzgibbon persiste et signe
Le ministre mis en demeure par une administratrice de Québecor, Sylvie Lalande
Coup d'oeil sur cet article
Malgré une mise en demeure formulée à son endroit, Pierre Fitzgibbon refuse de s’excuser pour avoi r tissé un lien entre une administratrice de Québecor, Sylvie Lalande, et la décision prise par Desjardins de ne pas participer au sauvetage des journaux de Groupe Capitales Médias (GCM).
« Non. Je me suis exprimé. J’ai dit ce que je pensais, puis je pense encore toujours la même chose », a déclaré le ministre de l’Économie, à la sortie du Conseil des ministres, mercredi.
La veille, lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale, M. Fitzgibbon a exprimé sa déception devant l’absence de Desjardins dans le montage financier du projet de coopératives proposé par les employés de GCM.
Il a alors laissé planer un doute sur l’indépendance du conseil d’administration de Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD), présidé par Sylvie Lalande, qui est aussi vice-présidente du conseil de Québecor et présidente du conseil de Groupe TVA.
Dans une entrevue ensuite accordée à La Presse, M. Fitzgibbon en a rajouté. « Il est clair pour moi que la présence de Mme Lalande au conseil d’administration de CRCD doit susciter un questionnement », a soulevé le ministre, en signalant une « apparence de conflit d’intérêts ».
Desjardins confirme

Piquée au vif, Mme Lalande a fait parvenir, par l’entremise de son avocat, une mise en demeure accusant M. Fitzgibbon d’avoir « causé un tort inqualifiable » à sa réputation. La missive mentionne que de « courtes vérifications » préalables auprès de CRCD auraient pourtant permis au ministre de confirmer l’absence d’implication de la part de Mme Lalande dans ce dossier.
C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé Desjardins, mercredi.
« La demande de contribution à l’effort de relance des six quotidiens du GCM sous forme d’une coopérative à la hauteur de 2 M$ n’a jamais été soumise au conseil d’administration de CRCD. En effet, toute demande d’investissement égale ou inférieure à 2 M$ est autorisée par les gestionnaires de Desjardins Capital », peut-on lire dans un communiqué transmis en fin d’avant-midi.
« En conséquence [...], Sylvie Lalande n’a jamais été en situation de conflit d’intérêts », a assuré Desjardins.
« J’ai lu [le communiqué] de Desjardins, qui a mentionné qu’elle n’a pas été partie prenante des décisions qui ont eu trait à ne pas investir dans Capitales Médias. Dans ce cas-là, il n’y a pas de conflit d’intérêts », a plus tard réagi M. Fitzgibbon.
Mme Lalande exigeait du ministre qu’il se rétracte « publiquement et sans ambiguïté » avant 17 h, sans quoi des recours judiciaires pourraient être entrepris.
Qu’à cela ne tienne, M. Fitzgibbon n’a pas l’intention d’obtempérer. « Non, parce que j’ai mentionné très clairement, selon moi, qu’apparence de conflit d’intérêts n’est pas un conflit d’intérêts », a laissé tomber le ministre.