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Hydro vise un profit de 2,7 milliards de dollars: qui devra payer?

Il faut bien que certains paient pour les autres.

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Photo d'archives, Joël Lemay

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Ça va moins bien pour Hydro-Québec. Le pseudo-Klondike des exportations, de l’éolien, des centres de données, des petits barrages et de la biomasse a rattrapé notre société d’État, dont le bénéfice net a chuté de 104 millions de dollars au dernier trimestre, pour se chiffrer à 205 millions. 

Les libéraux prétendaient que les exportations nous enrichiraient.

Dans cet article du Journal de Montréal, on apprend que les prix obtenus à l’exportation d’électricité ont chuté à 3,5 cents le kilowattheure, comparativement à 4 cents l’année dernière. Les prix obtenus ont même baissé à 2,9 cents/kWh. 

Si exporter à, disons, 4 cents/kWh est rentable pour Hydro-Québec, alors pourquoi nous vend-elle notre électricité, à nous, clients résidentiels qui sommes les véritables propriétaires de cet instrument collectif, à environ 10 cents/kWh en incluant la ridicule redevance mensuelle d’abonnement? Il faut oublier les premiers tarifs à 4 cents/kWh, qui couvrent à peine l’utilisation du toaster et du frigidaire.  

Incluant TPS, TVQ et impôts, ça revient à 20 cents/kWh 

Attention: pour les clients résidentiels qui paient le gros prix de 10 cents/kWh, il faut ajouter à cela la TPS et la TVQ de 15%, que les corporations n’ont pas à payer, et additionner l’impôt sur le revenu. L’électricité n’est pas, pour les clients résidentiels – vous et moi –, déductible d’impôt, alors qu’elle l’est pour les compagnies. On doit donc payer en premier lieu nos impôts aux gouvernements et, après, l’électricité. Si on prend un taux d’impôt combiné fédéral-provincial de 40%, alors notre électricité nous revient à environ 20 cents/kWh, et ça, c’est un fait. C’est effectivement ce qu’on doit payer.  

Hydro vise un profit net de 2,7 milliards de dollars en 2019 

Même si le bénéfice d’Hydro-Québec a chuté au dernier trimestre, les «boss» pensent pouvoir réaliser en 2019 un profit net de 2,7 milliards de dollars, comme l'a demandé le gouvernement. Pour y parvenir, la société d’État «compte sur l’arrivée précoce du froid pour bien terminer l’année». Est-ce que vous pouvez bien me dire où Hydro va aller chercher son fric, sachant que les prix à l’exportation seront encore déficitaires au dernier trimestre; qu’elle continuera à perdre beaucoup d’argent en étant obligée, gracieuseté des libéraux, d’acheter à des affairistes du privé de l’énergie éolienne dont elle n’a pas besoin à environ 11 cents/kWh; qu’elle continuera à faire de gros cadeaux, sur votre bras, aux centres de données comme Amazon et Google, aux producteurs en serre de légumes et de cannabis, aux grandes entreprises, aux centres de ski, aux minières et aux forestières, en leur vendant l'électricité à environ 4 cents/kWh; qu’elle continuera à payer 150 millions de dollars l’an à la transnationale TransCanada Énergie pour tenir fermée sa centrale au gaz naturel de Bécancour et, enfin, qu'elle poursuivra ses achats inutiles d’électricité de biomasse aux papetières, à de petites centrales et à des opportunistes du privé?  

Que faire d’autre pour mieux se moquer? 

Afin de mieux vous conditionner l’esprit, les «boss» d’Hydro ont eu un éclair de génie. Ils ont mis en place, en 2018, le système novateur de la tarification dite «dynamique» qui fait boum. Si la population utilise moins d’électricité aux heures de pointe, soit de 6 à 9h le matin et de 16 à 20h le soir, alors vous paierez moins cher. Merveilleux! Il faut se dépêcher de s’inscrire à ce nouveau programme tout simplement révolutionnaire.  

L’ex-ministre libéral Claude Béchard – malheureusement décédé – avait quant à lui suggéré à la plèbe de baisser le thermostat et d’ouvrir les rideaux. D’autres experts ont suggéré de prendre seulement une rapide douche par semaine, et surtout pas un bain, à moins de le prendre en groupe. J’ajouterai de ne pas oublier de porter vos «combines», votre «capine» et vos mitaines en tout temps, à l'extérieur comme à l'intérieur.  

Il ne faut pas compter sur les alumineries 

J’oubliais: puis-je vous demander d’oublier les riches alumineries Alcoa et RioTinto Alcan pour ce qui est d’aider Hydro dans sa quête de gros profits au dernier trimestre 2019? Gros froids ou pas: «Les contrats spéciaux [et confidentiels] avec les alumineries [que Legault a défendues dans leur litige avec leurs employés “gâtés”] continuent de coûter une fortune». 

Préparez-vous à payer dans le futur pour de l’éolien inutile 

Vous allez devoir continuer à payer longtemps pour les privilèges que les libéraux, au cours des années passées, ont accordés à des arrivistes qui ont obligé Hydro-Québec à s’exécuter. Par exemple, Le Journal de Montréal du 4 juin 2018 nous apprenait qu’en raison des achats d’électricité forcés à des éoliennes, des petits barrages et de la biomasse, Hydro-Québec devrait payer d’ici 2026 la modique somme de 10,2 milliards de dollars pour de l’électricité dont elle n’a absolument pas besoin: «10,2 milliards de dollars payés en trop à cause des énergies alternatives». 

Jean-Frédérick Legendre, le directeur de l’Association des éoliennes privées, a pondu ce bijou d’opinion dans Le Devoir du 1er mai 2019: «Un bilan positif qui positionne bien l’éolien pour le futur».  

Un bilan positif pour qui? Et qui positionne qui pour les années à venir? Qui paiera alors pour l’éolien, surtout si: «Les grands consommateurs [compagnies] ne veulent pas payer» (La Presse, 11 mai 2013)? 

À qui, alors, refiler le bill? 

Et qui va payer pour de la biomasse inutile? 

Pour vous aider à trouver qui devra payer afin qu'Hydro-Québec puisse continuer d'engranger annuellement des profits malgré les pertes subies ailleurs, j’ai retrouvé cet article du Journal de Montréal du 22 mai 2018, intitulé: «Hydro forcée [par les libéraux] d’acheter à perte de l’énergie biomasse [des forestières]. 130 M$ pour de l’électricité dont on n’a pas besoin». 

Et l’ex-premier ministre libéral de répliquer: «La biomasse bonne pour l’économie des régions, défend Couillard» (Le Journal de Montréal, 22 mai 2018). 

En fait, meilleure pour les affairistes que pour les gens en région.  

Est-ce que c’est ainsi que M. Legault va enfin enrichir le Québec et les Québécois? «L’éolien [acheté par Hydro] le plus cher en Amérique du Nord est au Québec» (Le Journal de Montréal, 17 mai 2018).   

Terminons sur une bonne note émanant de la philanthropique industrie éolienne privée qui, gratuitement, veut voir à notre conscientisation et lutter contre les mythes et la désinformation entretenus et véhiculés par certains groupes et individus radicaux de gauche: «L’industrie éolienne doit faire de “l’éducation”, selon un sondeur» (Le Devoir, 6 octobre 2017).   

Le mot de la fin à François Legault 

Même si les clients résidentiels doivent payer cher leur électricité et doivent défrayer les cadeaux consentis à des opportunistes «énergétiques», dites-vous que c’est pour une bonne cause. Notre premier ministre l’a dit à peu près en ces termes: si vous payez beaucoup pour votre électricité, vous en consommerez moins, et cela sera bon pour protéger l’environnement. Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre, n’est-ce pas?

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