/entertainment/movies
Navigation

«Le cas Richard Jewell»: brûler ce qu’on a adoré

«Le cas Richard Jewell»: brûler ce qu’on a adoré
Capture d'écran YouTube

Coup d'oeil sur cet article

Poursuivant sans relâche sa réflexion sur l’héroïsme, Clint Eastwood s’attaque aujourd’hui au héros vilipendé dans Le cas Richard Jewell.

Richard Jewell (Paul Walter Hauser qui a repris ce rôle prévu pour Jonah Hill) travaille tout d’abord comme agent de maintenance dans un cabinet d’avocats avant de devenir agent de sécurité pour une école secondaire, puis finalement pour AT&T lors des Jeux olympiques d’Atlanta en 1996.

Le 27 juillet, l'homme trouve un sac à dos abandonné sous un banc. Il prévient les policiers qui découvrent une bombe et commence, avec ses collègues, à évacuer les lieux bondés de monde. Mais une explosion fait deux morts et plus d’une centaine de blessés. Les premiers jours suivant l’attentat, Richard Jewell est fêté en héros par tous les médias américains. Puis, lorsque Tom Shaw (Jon Hamm), agent du FBI, prévient la journaliste Kathy Scruggs (Olivia Wilde) que l’homme est officiellement suspect, l’enfer se déchaîne.

De héros, il devient coupable, jugé au tribunal des médias et de l’opinion publique. Richard Jewell s’adjoint Watson Bryant (Sam Rockwell) comme avocat, mais ce dernier ne parvient pas à protéger son client. Le FBI l’interroge sans relâche, fouillant du même coup la demeure de Bobi Jewell (Kathy Bates), sa mère, chez qui il habite. Shaw et ses hommes ne le lâchent pas s’acharne alors qu’il est évident que Jewell ne peut avoir commis l’attentat.

Comme Sully, le pilote d’avion incarné par Tom Hanks et sujet de l’excellent film éponyme de Clint Eastwood en 2016, Richard Jewell répète qu’il n’a fait que son travail. Comme Sully, il doit se défendre d’accusations, mais à une différence près. Sully n’est pas traîné dans la boue publiquement alors que Jewell devient une victime du FBI, des médias et d’un système qui le broie, lui et sa mère. Parce que le véritable crime de Jewell est de ne pas correspondre à l’image qu’on se fait d’un héros.

Volontairement sobre (au contraire de Sully ou de Tireur d’élite américain, sorti en 2014 et l’un des meilleurs Eastwood des 10 dernières années), la réalisation du Cas Richard Jewell rappelle celle de La mule (2018). Richard Jewell est un quidam ordinaire. Victime? Oui, mais le cinéaste refuse de tomber dans l’émotif, conférant donc à son long métrage – de fiction, certains éléments du scénario de Billy Ray, adapté d’un article de Vanity Fair, ayant été inventés – un aspect de documentaire qui contribue à tenir le spectateur à distance.

Ce recul est nécessaire. Car, toujours prudent, Clint Eastwood se contente d’examiner, laissant le cinéphiles entièrement libre d’adhérer ou non. Et, en ne faisant qu’office de miroir, le cinéaste livre un message d’une féroce actualité.

Note: 4 sur 5

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.