L’intelligence artificielle au service de l’eau
Les solutions de CANN Forecast permettent aux villes d’assurer une meilleure gestion de l’eau
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Même si elle aimait beaucoup son travail, Naysan Saran a quitté son poste de programmeuse scientifique à Environnement Canada pour lancer avec son associé CANN Forecast, qui exploite l’intelligence artificielle pour aider les municipalités à prendre des décisions plus rentables et écologiques en matière de gestion de l’eau.
« Le choix n’a pas été facile. Je n’avais jamais pensé me lancer en affaires. J’avais un bon poste dans la fonction publique, et la sécurité d’emploi. Je savais toutes les augmentations de salaire que j’aurais jusqu’à ma retraite... », lance en riant la jeune femme de 28 ans.
Le concours qui a tout changé
Son aventure entrepreneuriale a commencé en 2017 lorsqu’elle a participé « pour l’expérience » au Défi AquaHacking, une compétition de jeunes entreprises visant à développer des solutions pour la gestion durable de l’eau. Elle et son associé, Nicolas Fortin St-Gelais, ont remporté le défi avec leur logiciel, InfoBaignade.
La Ville de Montréal s’est vite montrée intéressée par la technologie de la jeune entreprise qui permet d’estimer de manière beaucoup plus fiable la concentration d’E. coli dans les sites de baignade. C’est là que tout a démarré. Après Montréal, d’autres villes, dont Lévis, ont signé un contrat avec CANN Forecast.
« La méthode traditionnelle pour tester la qualité de l’eau consiste à prendre un échantillon, à l’analyser en laboratoire et à attendre 24 heures pour obtenir les résultats, explique Naysan. Notre modèle utilise l’intelligence artificielle pour traiter plusieurs données environnementales, comme les précipitations et les débordements d’eaux usées, ce qui rend l’analyse plus juste et surtout plus rapide. »
Partenariat avec la Ville de Montréal
En 2018, Montréal a lancé un nouveau défi à la jeune entreprise : trouver une solution aux problèmes de ruptures de canalisation. C’est ainsi qu’elle a mis au point en partenariat avec la Ville son deuxième produit, InfoBris.
« Notre solution est 10 fois plus performante que le modèle théorique utilisé actuellement. On analyse plusieurs variables, comme le matériau, son âge, l’historique des bris, la pression des tuyaux et leur localisation pour prévoir les bris. »
CANN Forecast projette de commercialiser InfoBris à l’été 2020 à l’échelle canadienne. Déjà, l’équipe a intégré les données de neuf municipalités du Québec et de l’Ontario. En plus de Montréal, Rimouski, Laval et Gatineau font partie des villes intéressées par la solution de la jeune entreprise. En 2021, elle s’attaquera au marché américain.
Une des forces de Naysan Saran et de son associé est d’avoir su s’entourer d’une équipe aux expertises variées, que ce soit en programmation, en informatique, en mathématiques ou en qualité de l’eau. Une dizaine de personnes travaillent pour CANN Forecast, et d’autres embauches sont prévues à court terme. L’entreprise a intégré l’incubateur d’entreprises de l’Université Concordia, District 3, depuis ses débuts en 2017.
Changer les choses
Naysan ne regrette pas son choix. « J’ai appris tellement en deux ans. Et je crois qu’on peut avoir un plus grand impact comme entrepreneur que comme employé. À cause des changements climatiques, l’eau va devenir une ressource encore plus précieuse qu’elle ne l’est aujourd’hui. Notre objectif, c’est d’aider les gouvernements à avoir de meilleures pratiques de gestion pour être capables de l’économiser. »
La contribution de l’entrepreneur, c’était un des critères qui était sur la liste des pour et des contre qu’elle a dressée avant de prendre la décision de se lancer ou non en affaires. Encore aujourd’hui, il lui arrive de relire cette liste.
« Surtout dans les moments difficiles. Je me rappelle alors pourquoi je fais ça. »
Son parcours
Naysan Saran, 28 ans
- Baccalauréat en informatique : École Polytechnique, 2012
- Programmeuse scientifique : Environnement Canada, 2013 à 2017
- Cofondatrice de CANN Forecast : 2017
UNE DE NOS MEILLEURES DÉCISIONS
« Intégrer l’incubateur d’entreprises District 3. Grâce à l’accompagnement qu’ils nous ont offert, on a évité bien des erreurs. »
UNE DE NOS PIRES DÉCISIONS
« Au début, je voulais faire plaisir à tout le monde. Mais les affaires demandent qu’on s’endurcisse un peu. J’ai rapidement appris à mettre les intérêts de la compagnie en premier avant de décider s’il fallait ou non accepter une occasion d’affaires. »