Professeurs en études autochtones: l’UQAM songe à exiger le statut autochtone
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L’UQAM examine la possibilité de réserver seulement à des autochtones les postes de professeurs et chargés de cours de son programme en études autochtones.
La semaine dernière, la chargée de cours Alexandra Lorange et sa coenseignante non autochtone ont perdu leur poste à l’UQAM, à la demande d’un collectif d’étudiants autochtones. Les deux femmes donnaient le cours Femmes autochtones du Québec : débats et enjeux.
L’identité atikamekw de Mme Lorange a récemment été mise en doute par un reportage de Radio-Canada. Des experts en généalogie disent n’avoir trouvé aucun ancêtre autochtone à la jeune femme avant la 12e génération de sa lignée.
«Les questions d’autodéclaration et d’appropriation identitaire doivent être prises au sérieux afin d’éviter que des membres issus des Premières Nations soient mis de côté au profit d’individus non membres», ont fait valoir les étudiants autochtones, dans une lettre acheminée à la direction du département de science politique de l’UQAM.
L’établissement est sensible à ces enjeux et examine maintenant la possibilité d’exiger à l’avenir le statut autochtone pour enseigner le programme en études autochtones.
«À la suite des événements qui sont survenus la semaine dernière, ça nous a amenés à débuter cette réflexion-là, a précisé la porte-parole de l’UQAM, Jenny Desrochers. On ne peut présumer de l’issue, mais on souhaite faire l’exercice [...], il y a un intérêt, un souhait d’avoir cette réflexion-là.»
Mais l’UQAM ne pourrait appliquer cette mesure du jour au lendemain. «En vertu des dispositions des conventions collectives (actuellement en vigueur), nous ne pouvons exiger que le titulaire d’un poste soit autochtone», insiste la relationniste.
Pour l’heure, c’est la connaissance et l’expérience directe avec les communautés autochtones qui sont favorisées pour enseigner ce programme.
L’UdM n’embarque pas
À l’Université de Montréal (UdM), qui offre aussi un programme en études autochtones, on n’a pas le même point de vue. Restreindre l’accès aux postes de profs et de chargés de cours aux personnes issues des Premières Nations «n’est pas dans les plans».
«Les gens ont des intérêts, ont des compétences et peuvent s’intéresser à l’histoire des peuples autochtones ou enseigner un cours en lien avec les autochtones sans nécessairement eux-mêmes l’être», plaide la porte-parole Geneviève O’Meara.
Et des professeurs d’université autochtones, ça ne court pas les rues. «Dans la réalité, il n’y en a pas un grand nombre non plus», insiste la relationniste de l’UdM.
Mme O’Meara signale cependant que les récents événements de l’UQAM ont poussé son établissement à réfléchir sur l’autodéclaration, qui offre la possibilité à une personne de se déclarer autochtone si elle le souhaite. «Ce sont des réflexions qu’on doit avoir : comment on peut s’assurer que l’autodéclaration, c’est vrai?»