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Un p’tit jeune de 86 ans

Marcel Perron 86 ans, haltérophilie

Marcel Perron
Marcel Perron lève des fontes cinq fois par semaine. Photo Chantal Poirier


« Au Championnat du monde, ils ont choisi de faire une catégorie 80 ans et plus seulement, alors je vais compétitionner avec des petits jeunes, dit Marcel Perron, 86 ans. Je trouve ça regrettable. » 

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« C’est tellement dommage pour eux ! Ça ne leur laisse plus aucune chance de gagner des médailles », ajoute-t-il, sérieux. 

Comme de raison, Marcel Perron a remporté l’or dans la catégorie « avec les petits jeunes » (80 ans et plus) au Championnat du monde qui se déroulait à Montréal du 18 au 25 août derniers. 

« J’étais certain de gagner. Dès que je me présente, depuis des années, je gagne. Mon vrai objectif, ce n’est plus l’or, mais le titre de Grand Master », précise l’homme de Rosemont. 

Il a aussi été de nouveau consacré Grand Master, un honneur qui prend en compte les charges soulevées à l’arraché et à l’épaulé-jeté, pondérées par un coefficient considérant le poids corporel de l’athlète et son âge afin de souligner les meilleures performances. « Ils ont changé le calcul deux fois, et malgré cela, je l’obtiens chaque fois... si j’ai les moyens de voyager jusqu’au Championnat du monde. C’est ça mon vrai défi », dit l’haltérophile de 86 ans. 

Discipline, discipline 

Marcel Perron s’entraîne cinq fois par semaine, douze mois par année, au Progym sur Hochelaga. Il y passe deux ou trois heures chaque fois, travaillant sur sa force, son explosivité et sa mobilité, trois qualités essentielles en haltérophilie. 

« Les autres vieux ne s’entraînent pas autant... ils ralentissent avec les années ! Je m’entraîne aussi fort qu’il y a 30 ans, et c’est ce qui fait la différence », dit l’athlète qui évolue dans le monde des « masters » en haltérophilie depuis 1982. 

M. Perron est conscient que son sport est exigeant sur un corps vieillissant, et il ne conseille pas à quiconque de s’y initier à un âge avancé. « Moi, le sport a toujours fait partie de ma vie. Quand ce n’était pas l’haltérophilie, c’était le marathon. Et je fais quotidiennement une tonne d’exercices de mobilité et de souplesse pour ne pas me blesser », partage l’haltérophile. 

Et continuer 

Il n’est pas question pour lui d’arrêter, jamais. Même un AVC en 2018 l’a à peine ralenti quelques semaines. « J’ai vu la lumière au bout du tunnel, mais je n’ai même pas vu de plateformes d’entraînement, alors je me suis dit que ce n’était pas pour moi », ajoute-t-il, les yeux moqueurs. 

Marcel Perron a comme objectif de faire mieux année après année, conscient que le défi est de taille, le temps ayant une certaine emprise sur lui aussi. « Je le sens dans mes genoux. Avant, je n’avais jamais mal aux genoux », donne-t-il en exemple.  

À notre dernière rencontre, l’année dernière, Marcel Perron pensait peut-être retourner au marathon comme projet de retraite sportive, lorsque l’haltérophilie sera rendue trop « dure » sur son corps. Les douleurs aux genoux ont changé ses plans. « Je n’ai plus le choix de continuer l’haltérophilie sans jamais arrêter ! » dit-il.  

« J’ai la chance de ne pas avoir une épouse ou un proche qui a peur que je me blesse », précise-t-il. Je lui demande si sa fille ne le lui suggère pas de temps en temps. Marcel Perron éclate de son rire franc : « Bin non ! Elle me connaît bien trop. » 

Après notre rencontre, il retourne à sa table du Progym, où il mange son lunch, toujours. Il fera un tour au sauna ensuite, avant une douche glacée. Il prendra l’autobus jusqu’à chez lui, et il recommencera demain. 







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