GNL Québec: un investisseur majeur se retire à cause des blocus autochtones
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GNL Québec a encaissé un véritable coup de masse, jeudi, avec le retrait d’un investisseur majeur dans le projet.
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Si l’entreprise derrière le projet ne nomme pas le fameux investisseur, tout porte à croire qu’il s’agit de la société d’investissement Berkshire Hathaway de Warren Buffett, le troisième homme le plus riche du monde. L’investisseur était prêt à injecter 4 milliards $ dans l’usine de gaz naturel liquéfié à Saguenay.
Les blocus autochtones et le contexte politique général au Canada sont invoqués pour expliquer cette décision.
L'information et la cause du retrait ont été confirmées par la direction de GNL Québec. Même si elle convient que le projet vient de perdre un investisseur majeur, la directrice générale de GNL Québec, Stéphanie Fortin, se veut rassurante. «Ce n’est pas un investisseur qui était déjà avec nous, a-t-elle dit. Les investisseurs que nous avons le sont toujours.»
L’investisseur en question avait analysé le projet et le fonctionnement de l'entreprise au cours des derniers mois. Son intérêt a drastiquement changé, au cours des derniers jours, avec le contexte sociopolitique canadien actuel.
Jeudi, la ministre responsable de la région, Andrée Laforest, a dit espérer que la crise des barrages ferroviaires n’aura pas d’effets au Québec. «J’ai entendu les raisons du retrait de l’investisseur et je ne voudrais vraiment pas qu’on ait des impacts ici, au Québec, à cause des [blocus] qu’on vit présentement», a-t-elle dit.
«Le projet existe encore, il faut trouver d’autres investisseurs. On a des discussions avec la compagnie et on veut vraiment que ce projet continue», a affirmé la ministre.
La solidaire Manon Massé estime toutefois que «le gaz naturel n’a pas d’avenir», réitérant la position de sa formation politique, à savoir que GNL Québec est un mauvais projet écologique et économique.
«Si le projet de gazoduc Énergie Saguenay était si bon pour l’environnement et si rentable, les investisseurs se marcheraient dessus pour y mettre leur argent», a déclaré la porte-parole de Québec solidaire Manon Massé.
Depuis Scarborough, en Ontario, le premier ministre Justin Trudeau a, de son côté, défendu son gouvernement et assuré que des mesures étaient en place pour trouver un équilibre entre environnement et économie.
Stéphanie Fortin de GNL Québec a indiqué que toutes les décisions définitives concernant le projet seront prises en 2021.
Cette nouvelle survient à quelques jours du début des audiences publiques en environnement sur le projet, qui commencent à Chicoutimi, le 16 mars prochain.
Déception à La Tuque
Le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, s’est dit «déçu» de ce revirement de situation. Le tracé de GNL Québec devait traverser 175 kilomètres de la Haute-Mauricie et promettait des retombées économiques à la région, dont 10 millions $ par année pour les secteurs scolaire et communautaire.
«D’un autre côté, je ne suis pas surpris, a dit l’élu. [Ce qu'on] a vu, les 30 derniers jours, moi, j’appelle ça de l’inaction. Ça nous amène à nous poser la question: est-ce qu’il y a toujours de la volonté pour développer nos ressources naturelles au Canada?»
La communauté atikamekw de Wemotaci a, quant à elle, déjà évoqué des réserves par rapport à ce projet.