Initiatives pour éviter un désastre économique, l’Italie isolée: tous les détails de la crise du coronavirus dans le monde
ROME | Les initiatives se multiplient pour éviter un désastre économique mondial face au coronavirus qui oblige mercredi l’Italie, où le nombre de morts explose, à se cloîtrer pour la deuxième journée consécutive.
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Le COVID-19 a tué dans le monde 4281 personnes pour 118 554 cas de contamination, selon des chiffres officiels compilés par l’AFP à 4 h (heure de Montréal). La veille, le nombre des décès avait franchi la barre des 4000.
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La Chine (hors Hong Kong et Macao), où l’épidémie s’est déclarée en décembre, a recensé 80 778 cas, dont 3158 morts.
Les autres pays les plus touchés sont l’Italie (10 149 cas, 631 décès), l’Iran (8042 cas, 291 décès), la Corée du Sud (7755 cas, 54 décès) et la France (1784 cas, 33 décès). Au total, hors de Chine, 37 776 cas étaient recensés mercredi à 4 h (heure de Montréal), dont 1123 morts.
Outre les grands rendez-vous sportifs, avec des matchs de football joués à huis clos et des reports en cascade, l’épidémie affecte aussi la vie quotidienne. Les écoles sont «fermées dans 15 pays, affectant 363 millions» de jeunes, selon l’UNESCO.
Dernier en date, l’Ukraine fermera à partir de jeudi toutes ses écoles et ses universités et «limitera» les rassemblements publics pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus, ont annoncé mercredi les autorités.
Pour aider l’économie britannique face au «choc» du COVID-19, la Banque d'Angleterre a annoncé une baisse surprise de ses taux de 0,75% à 0,25%, la plus importante depuis début 2009, au plus fort de la crise financière, et elle a prévenu qu’elle prendrait «toutes les autres mesures nécessaires».
La Réserve fédérale des États-Unis avait déjà réduit ses taux la semaine dernière. La Banque centrale européenne, quant à elle, se réunit jeudi.
L’Italie a annoncé mercredi une enveloppe d’un montant total de 25 milliards d’euros pour lutter contre l’épidémie.
Mardi, la Commission européenne avait évoqué la mise en place d’un fonds d’investissement de 25 milliards d’euros «en réponse au coronavirus», destiné notamment aux systèmes de santé et aux secteurs vulnérables. Elle a promis aux 27 dirigeants qui avaient une réunion d’urgence par visioconférence de mobiliser «tous les instruments à disposition» afin de soutenir les économies des États de l’Union européenne, dorénavant tous touchés.
Aux États-Unis, le gouvernement de Donald Trump a assuré que son plan de soutien à l’économie, initialement annoncé pour mardi, serait bientôt présenté. Seule la mesure phare en a été dévoilée, c'est-à-dire une réduction, voire une suppression des taxes salariales jusqu’à la fin de l’année.
Après leur plongeon de lundi, les marchés boursiers se redressaient en Europe, ignorant un regain de pessimisme des Bourses asiatiques.
Fiat désinfecte ses usines
L’Italie en entier, où le nombre de décès a connu mardi une hausse record en 24 heures (+168), est depuis lundi soir soumise aux mêmes restrictions strictes de déplacement que celles imposées dans le nord le week-end dernier, et ce, au moins jusqu’au 3 avril.
Les 60 millions d’Italiens doivent «éviter les déplacements», sauf pour aller travailler, se ravitailler ou se soigner. Tout rassemblement est interdit, le championnat de football est suspendu et les touristes sont privés de visite à la basilique et à la place Saint-Pierre.
L’audience hebdomadaire du pape s’effectuera mercredi par vidéo. Le constructeur automobile italien Fiat a fermé ses principaux sites pour les désinfecter.
L’Italie, le premier pays à généraliser des mesures aussi draconiennes pour tenter d’enrayer la progression du coronavirus, se trouve aussi de plus en plus coupée du monde. La Slovénie a fermé sa frontière, l’Autriche a suspendu ses liaisons ferroviaires et demande un certificat médical aux voyageurs venant d’Italie. British Airways, Air France, Ryanair et Air Canada (ainsi que l’Espagne) ont interrompu les liaisons aériennes.
Ailleurs en Europe, la Belgique a annoncé un premier mort, un homme de 90 ans.
La France se prépare à une accélération de l’épidémie, selon son président Emmanuel Macron. Un ministre est contaminé, comme en Grande-Bretagne.
Les États-Unis comptent 1001 cas et 28 décès, selon l’université Johns-Hopkins. Mesure inédite, la Garde nationale va être déployée à Nouvelle-Rochelle, en banlieue nord de New York, dans une «zone de confinement» de 1,6 km de rayon au sein de cette ville de 80 000 habitants, le principal foyer du coronavirus dans l’État de New York.
Les candidats démocrates à la présidentielle américaine Joe Biden et Bernie Sanders ont annulé mardi leur réunion de campagne en raison de l’épidémie.
Assouplissement en Chine
En Chine, l’heure est à l’assouplissement des mesures restrictives. Le nombre des nouvelles contaminations ces dernières 24 heures est de 24, avec 22 nouveaux décès.
Un nouveau signe de normalisation progressive a été donné à Wuhan (centre), le berceau de l’épidémie bouclé depuis le 23 janvier, avec l’autorisation donnée à des entreprises de reprendre leurs activités. Cette annonce intervient au lendemain d’une visite sur place du président Xi Jinping qui a déclaré l’épidémie «pratiquement jugulée».
Mais au moment où le nombre de cas importés de coronavirus augmente dans la capitale chinoise, la mairie de Pékin a fait savoir que toutes les personnes arrivant de l’étranger seraient désormais placées en quarantaine durant 14 jours.
Le Japon, où le coronavirus a contaminé 568 personnes et causé 12 décès, a annulé les principales cérémonies publiques pour commémorer le tsunami du 11 mars 2011 qui avait fait environ 18 500 morts et disparus et entraîné la catastrophe nucléaire de Fukushima.
L’Indonésie (27 cas) a annoncé son premier mort du coronavirus, une femme étrangère de 53 ans dont la nationalité n’a pas été précisée.
Ils prenaient une marge de 6000 % sur des masques
La police italienne a démantelé dans le sud de la péninsule un vaste réseau de trafic de masques de protection et de gels désinfectants, grâce auquel certains revendeurs réalisaient une marge pouvant atteindre 6000 %.
Au cours de perquisitions mardi dans les locaux de 30 sociétés dans une vingtaine de communes aux alentours de Bari (Pouilles, le talon de la botte), la police a saisi des masques de protection, des flacons de gel désinfectant et des lingettes pour un montant d’environ 220 000 euros, a précisé mardi le parquet.
« Ce réseau visait à spéculer sur la situation d’urgence liée à l’épidémie de coronavirus », qui a déjà contaminé plus de 10 000 personnes en Italie, où le bilan s’élève pour l’instant à plus de 600 morts.
Les dirigeants des entreprises visées, spécialisées dans le commerce de gros et de détail de produits cosmétiques et d’hygiène, sont de nationalité italienne ou chinoise.
Selon les enquêteurs, certaines pharmacies vendaient des masques avec une marge pouvant aller jusqu’à 6000 %. Après avoir acheté des masques en gros, « elles les reconditionnaient en sachets individuels transparents ».