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Témoignages: pratiquement impossible de trouver un logement pour les locataires devant déménager

Témoignages: pratiquement impossible de trouver un logement pour les locataires devant déménager
Joy Real sur Unsplash

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Déjà que la crise du logement rendait la recherche d’appartements difficile à Montréal, les locataires en quête d’un logis font face à un obstacle supplémentaire avec la calamité actuelle.   

Trois locataires expliquent ce que ça représente d’être à la chasse aux apparts.    

Ariane, gestionnaire de communauté à l’INIS    

Ariane se considère comme chanceuse. La gestionnaire de communauté de 24 ans a encore une job et peut faire du télétravail. Mais depuis quelques semaines, la recherche d’appartements est une tâche complexe et éreintante.     

«Ma future coloc et moi, on sait pas quoi faire. Est-ce qu’on est mieux d’attendre que la poussière tombe ou on baisse nos standards pour s’assurer d’avoir quelque chose avant la date butoir?», s’interroge la jeune femme en quête d’un toit depuis la mi-février.    

Comme plusieurs dans la même situation actuellement, Ariane est branchée sur les plateformes comme Kijiji, Marketplace et autres groupes de location.     

«Malgré tout, il y a énormément de demandes de visite sur toutes les annonces que j’ai vues. Si l’annonce a été créée il y a plus d’une heure, les personnes l’ayant publié ne prennent plus de demandes parce que c’est too much.»     

La professionnelle fraîchement débarquée sur le marché du travail a remarqué qu’il y a un sentiment d’urgence exacerbé. 

«La proprio d’un appart que j'ai visité récemment m’a confié que les gens sont plus pressés de closer le deal. Comme si la panique s’est emparée de ce marché-là aussi.»     

Depuis les mesures de distanciation sociale, Ariane n’a pas visité beaucoup de logements en personne.     

«Plusieurs proprios proposent des premières visites virtuelles, puis des secondes visites en chair et en os si ça nous intéresse.»     

Pour les visites en personne, la vingtenaire affirme que les propriétaires prenaient les choses en main pour éviter la contagion. «Les visites libres sont quasi inexistantes. Sinon, on se fait demander de respecter les distances, de mettre des gants et de ne rien toucher.»    

Même si les temps sont durs, Ariane croit qu’elle pourra dénicher un appartement digne de ce nom prochainement.     

«On est encore loin du premier juillet et je vois des options intéressantes. Je ne pense pas me rendre à aller vivre chez mes parents, mettons.»   

  

Frédéric, superviseur dans un centre de service à la clientèle     

Avec leurs études derrière eux, Frédéric et sa copine ont des attentes un peu plus «adultes» pour leur futur logement. «On n'avait pas vraiment calculé dans nos plans qu’il y aurait une crise du logement et une pandémie qui se chevaucheraient», admet-il.     

Leur situation est particulièrement laborieuse, puisque les tourtereaux ont un chien de 10 ans mal en point.     

«Déjà que les 4 1/2 dans notre fourchette de prix sont une denrée rare, en plus de ça ont doit trouver une place qui accepte les chiens. Bonne chance!»  

Frédéric a dénoté qu’il est encore plus difficile d’avoir accès à une visite.  

«On est même prêts à prendre un deuxième bail dès maintenant et à payer les deux apparts en même temps. Même là, on trouve rien.»     

Depuis le 12 mars dernier, le couple qui regarde sur toutes les plateformes sans relâche n’a visité que deux logis.     

«Dans les deux cas, c’était pour une cession de bail imminente, donc les locataires n’avaient pas le choix d’accepter les visites. Quand c’est pour juillet, les locataires ont tendance à refuser de faire des visites pour le moment», remarque-t-il.     

Si les choses ne changent pas dans les prochaines semaines, le duo songe à adopter une nouvelle stratégie.     

«On n'aura pas le choix de soit baisser nos standards, prendre un loyer au-dessus de nos moyens et dealer avec, ou opter pour la Rive-Nord ou la Rive-Sud.»     

Julie, fonctionnaire depuis trois ans    

Lorsqu’elle a fait le saut de Gatineau à Montréal à l’automne dernier, Julie ne s’attendait pas à éprouver tant de difficulté pour trouver un logement à la hauteur de ses espérances. «Je me suis finalement retrouvée dans un 1 1/2 beaucoup trop cher parce que je n’avais pas d’autres options à l’époque.»     

La professionnelle de 29 ans affirme être assidûment à la recherche d’un appartement depuis le mois d’octobre. «Je regarde tous les jours depuis six mois et depuis quelques semaines, c’est pratiquement impossible d’avoir une visite.»     

Selon elle, le nombre d’annonces a chuté radicalement et les personnes affichant leur logement ne répondent plus aux messages. «Je vois de plus en plus d’offres de visites par Skype, mais je me méfie trop de cette tactique pour me faire une idée sur l’état du logis.»   

Elle raconte qu’elle a déjà débusqué un vice caché qu’elle n’aurait probablement jamais vu en faisant une visite virtuelle.     

Contrairement à plusieurs milliers de Québécois qui doivent déménager leurs pénates le 1er juillet, le bail de Julie se termine au mois d’octobre prochain. «Je crois que je vais attendre que la poussière retombe un peu avant de recommencer à chercher. C’est juste trop chaotique présentement.»     

Une situation encore nébuleuse    

Marjolaine Denault du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) ne s’en cache pas: le téléphone ne dérougit pas à la RCLALQ depuis les derniers jours. «On a énormément d'appels de gens paniqués qui ne savent pas quoi faire.»    

L’une des questions qui reviennent souvent concerne le maintien des visites. «On conseille de reporter les visites le plus possible, surtout si les locataires sont vulnérables.»     

Mais que faire pour les personnes qui doivent trouver un logement pour le premier juillet et qui n’ont d’autre option que de butiner d’appart en appart pour faire leur choix?    

«On est en train d’envisager différents scénarios pour étendre les délais de renouvellement de bail, admet-elle. Si la société entière est mise sur pause pendant des semaines, ça serait juste logique que les lois s’ajustent. Mais pour l’instant, tout est encore un peu flou.»     

Au moment d’écrire ces lignes, la RCLALQ attendait d’avoir une réponse de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation Andrée Laforest à ce sujet. 

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