Le propriétaire du Saint-Sacrement dénonce qu’Ottawa ne veuille prêter main-forte aux bars
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La décision du gouvernement fédéral d’exclure les bars des programmes d’aide annoncés pour pallier la crise actuelle liée au coronavirus est dénoncée par le copropriétaire de la Taverne Saint-Sacrement, Pierre Thibault.
«On hallucine», s’est exclamé le copropriétaire du bar situé sur l’avenue Mont-Royal Est, à Montréal, en entretien à QUB radio mardi matin.
Le fonds d’urgence mis en place par Ottawa et en vertu duquel les PME peuvent solliciter auprès des institutions financières un prêt sans intérêt de 40 000 $, ne s’adresse pas aux entreprises, dont 50 % et plus des revenus sont liés à la vente d’alcool.
Écoutez l'entrevue complète ici:
Hippodromes, casinos, salles de bingo, prêteurs sur gage, prêteurs usuraires, établissements se ralliant au sexe, entreprises encourageant toute forme de haine ou de discrimination...et bars font partie des exclus du programme, a listé le propriétaire en entrevue avec l’animateur Richard Martineau.
«C’est comme si on était ostracisé directement par la Banque de développement du Canada (BDC), qui nous empêche d’être reconnus comme une PME. Quel message est-ce que ça envoie à nos institutions financières?» s’est insurgé M. Thibault, qui refuse d’être placé dans la même catégorie que des établissements propageant toute forme de violence.
Le propriétaire de la Taverne Saint-Sacrement ne peut s’expliquer cette exclusion, d’autant plus que la Société des alcools du Québec (SAQ) est considérée comme un service essentiel dans la province. «Ça, c’est le paradoxe», a-t-il affirmé.
«On veut juste être reconnu comme une PME», a-t-il renchéri.
Des revenus importants
Même s’il comprend que la BDC puisse avoir rencontré des problèmes de blanchiment d’argent avec certains tenanciers de bars dans les décennies passées, M. Thibault considère que cela n’a rien à voir avec l’état actuel de l’industrie des bars et que la majorité des propriétaires fournissent des états financiers structurés.
Pierre Thibault a expliqué que «90 % des ventes chez nous: c’est carte débit ou crédit. Tu vends un spaghetti et une pinte de bière, c’est enregistré sur un module électronique qui est imprimé au gouvernement».
Prenant l’exemple de l’avenue Mont-Royal, Pierre Thibault s’est permis de dresser une estimation de revenus engendrés par 20 bars de 100 personnes consommant pour 40 $ d’alcool. «Ça fait 80 000 $ qui sont injectés dans l’économie du pays pour une soirée. Sur un an, ça fait 4 millions $. Imagine, ça, c’est juste une strip à Montréal qui a 20 bars pour un samedi soir», a-t-il comptabilisé.
S’il conçoit que la santé publique est la priorité et que les bars ne sont pas les premiers à devoir être entendus, Pierre Thibault estime tout de même qu’une aide devrait leur être fournie. «Les propriétaires dans le monde commercial à Montréal ne font pas de cadeaux. Mon loyer, il faut que je le paie demain», a-t-il rappelé.
En se tournant vers des emprunts de façon autonome auprès de sa banque, Pierre Thibault pourrait s’engager à rembourser de lourds intérêts. «Ça nous aide, mais ce n’est pas comme une injection, comme le prêt qui est en place [avec] la mesure de 40 000 $», a-t-il soutenu, d’autant plus qu’une tranche de 10 000 $ de l’enveloppe pourrait être non remboursable.
«C’est l’énergie de départ pour se concentrer et se refaire un business», a-t-il fait savoir.