COVID-19: Les derniers jours d’une aînée au Centre d’hébergement Laflèche
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Les drapeaux sont en berne à Shawinigan, qui pleure de nombreuses victimes de la COVID-19. La fille de l’une d’entre elles, Yvette Boisvert, raconte les derniers jours de sa «maman d’amour».
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Le 5 mars dernier, Josée Giguère et ses huit frères et sœurs apprenaient que leur mère avait contracté la COVID-19 au Centre d’hébergement Laflèche, un CHSLD de Shawinigan. On leur a d’abord indiqué qu’elle était faible et qu’elle dormait beaucoup. Dans les jours qui ont suivi, la dame a commencé à faire de la fièvre et son état s’est dégradé.
Ses enfants se sont rendus à sa fenêtre, car il leur a été interdit de visiter leur mère en personne. Heureusement, elle était logée au premier étage et ils ont pu l’apercevoir.
Une préposée a approché un téléphone de son oreille. «On a pu parler avec elle, même si elle ne répondait pas vraiment. Elle nous faisait un signe de la main. On a pu lui chanter des chansons. On s’est sentis un peu plus près d’elle», se rappelle Josée Giguère.
«Une grande dame»
La fratrie Giguère pleure le départ soudain de sa matriarche, comme plusieurs dans la communauté. «Ma mère était dans tellement d’associations. Qui ne connaît pas Yvette? La chorale, l’âge d’or...», témoigne Mme Giguère.
Elle décrit sa mère comme une femme forte, fonceuse, qui a su élever ses neuf enfants, même après la mort de son mari à 54 ans. «On était encore cinq à la maison. C’était une grande dame, qui s’adaptait à tous les changements de la vie. Elle a pris soin de nous autres jusqu’à ce qu’elle parte.»
L’un des regrets de la famille Giguère est que sa mère ne puisse être exposée pendant ses funérailles, comme elle l'avait souhaité dans ses arrangements funéraires. Une cérémonie religieuse en son honneur sera organisée à l’église «en temps et lieux», promet-on.
Un réseau à bout
Malgré les circonstances entourant la mort de sa mère, Josée Giguère refuse de pointer du doigt le Centre d’hébergement Laflèche, où 20 personnes sont mortes du coronavirus dans les derniers jours. Le CHSLD fait d’ailleurs partie des six établissements au Québec où la situation est critique, selon le gouvernement.
«Ils ont vraiment besoin d’aide, les filles sont épuisées. Si seulement chaque personne les voyait aller pendant une journée... Je les ai vues pleurer. Ils caressaient les cheveux de ma mère. Ils s'attachent à leurs patients», témoigne-t-elle.
Encore combien de décès avant que l'aide n'arrive, se demande-t-elle.
Elle fait remarquer que le docteur André Jacques, qui soignait sa mère, était lui aussi atteint de la COVID-19.
En attendant de pouvoir serrer ses frères et sœurs dans ses bras, Josée Giguère craint la suite pour l'une de ses sœurs, qui réside au troisième étage du même centre d'hébergement. «On est inquiets pour elle aussi. On ne voudrait pas qu’il lui arrive la même chose...»