Tuerie en Nouvelle-Écosse: le bilan pourrait continuer de s'alourdir
Le nombre de victimes de la pire tuerie de masse de l'histoire récente du Canada pourrait continuer à s'alourdir dans les prochaines heures puisque l'auteur de la fusillade a mis le feu à plusieurs bâtiments, dans lesquels pourraient se trouver d'autres corps.
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Le suspect, Gabriel Wortman, aurait tué au moins 18 personnes lors de sa cavale meurtrière amorcée tard samedi soir, selon le dernier bilan offert par la Gendarmerie royale du Canada.
L’homme de 51 ans a parcouru en tout 90 kilomètres avant d’être intercepté et de perdre la vie après un échange de tir avec la police à une station-service d’Enfield, à une trentaine de kilomètres au nord d’Halifax.
Le suspect aurait amorcé sa cavale en incendiant sa propre maison à Portapique. Il aurait ensuite mis le feu à plusieurs autres résidences de son quartier, avant de faire feu sur les gens qui sortaient de leurs demeures en panique. Après coup, le suspect a pris la fuite en se déguisant en agent de police de la GRC, au volant d'un véhicule ressemblant en tout point à une autopatrouille de la police fédérale.
- Écoutez l'analyse de Geneviève Pettersen qui revient sur le point de presse de la GRC à QUB Radio:
Il faut remonter aux événements de l’École Polytechnique pour trouver un bilan aussi meurtrier. En effet, la fusillade qui s’est déroulée dans l’université montréalaise en 1989 avait fait 14 morts et 14 blessés.
Dans son point de presse tenu lundi en début d’après-midi, le superintendant de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) Chris Leather a précisé que le bilan des victimes pourrait continuer à s’alourdir, puisque 16 différentes scènes de crimes étaient analysées. Les pompiers combattaient aussi cinq feux de structures, notamment dans des résidences, alors que des corps pourraient s’y retrouver.
La GRC compte une victime parmi ses rangs, l’agente Heidi Stevenson qui détenait 23 ans d’expérience dans son domaine. Un autre policier a été blessé, mais on ne craint pas pour sa vie. Le superintendant n’a pas écarté que d’autres agents aient pu subir des blessures.
Une cavale meurtrière
Les premiers tirs d’arme à feu ont été entendus «samedi en fin de soirée» à Portapique, un petit village comptant à peine une centaine d'habitants permanents qui se situe à 40 kilomètres à l’ouest de Truro, en bordure de la baie de Cobéquid. Le service de police s’est servi de son compte Twitter à 23 h 32 pour dire à la population que ses agents enquêtaient et que les résidents devaient se barricader dans leurs demeures.
- ÉCOUTEZ la chronique judiciaire du journaliste Félix Séguin à QUB Radio:
Plusieurs résidents ont aussi entendu au moins une explosion, alors que des bâtiments ont été rasés et des voitures incendiées. Gabriel Wortman connaissait apparemment plusieurs de ses victimes, habitant lui-même Portapique et étant denturologiste.
À 10 h 12, heure locale, dimanche matin, la GRC a rapporté que le tireur pouvait être vêtu d’un uniforme des services de police en plus de conduire une réplique des voitures de la GRC. Selon le «Globe and Mail», le suspect aurait stoppé une voiture sur une route de campagne en se faisant passer pour un officier, avant de tuer les occupants du véhicule à bout portant.
Le superintendant Leather a affirmé que la voiture et l’uniforme du suspect étaient des imitations très convaincantes et qu’il n’avait pas encore reçu d’information sur un possible vol de ces items chez un véritable agent de police.
Selon le parcours détaillé en direct par la GRC, le suspect aurait finalement abandonné sa fausse voiture de police pour un VUS Chevrolet. C’est dans ce véhicule qu’il a été intercepté par la GRC à Enfield, à 11 h 40, heure locale.
Toujours selon le «Globe and Mail», Gabriel Wortman a été décrit comme un passionné de la police, lui qui en collectionnait plusieurs souvenirs et plus de retaper à l’occasion des voitures de patrouilles. Selon Nathan Staples, une source du quotidien torontois, le suspect était «obsédé» par la police tandis que sa demeure de Portapique était un «sanctuaire» en hommage à la GRC.
Des réactions de partout au Canada
En plus des milliers de réactions d’internautes et de personnalités publiques sur les réseaux sociaux, le premier ministre Justin Trudeau a amorcé sa conférence de presse quotidienne à Ottawa, qu’il tient depuis le début de la crise sur la COVID-19, par un hommage aux victimes de la tuerie.
«Aux grands-parents qui ont perdu un enfant – aux enfants qui ont perdu un parent – aux voisins qui ont perdu des amis – mes pensées et les pensées de tous les Canadiens vous accompagnent», a mentionné M. Trudeau.
«Une telle tragédie n’aurait jamais dû se produire. La violence n’a jamais sa place dans notre pays», a-t-il ajouté.
Dans son point de presse quotidien, le premier ministre du Québec François Legault a offert ses condoléances aux victimes. «C’est une tragédie épouvantable», a-t-il dit lundi.
Les drapeaux étaient en berne, lundi, tant à l'Assemblée nationale qu'au Parlement, à Ottawa, en hommage aux victimes.