Quatre principes pour encadrer une relance indissociable de la crise climatique
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Alors que le gouvernement du Québec annonce ses échéanciers de reprise, une chose est certaine: on ne reviendra pas au monde qu’on connaissait il y a deux mois seulement.
Au-delà de la reprise des activités, le gouvernement doit planifier les actions qui permettront à nos industries de survivre dans ce nouveau contexte. Les sommes majeures qui seront investies vont orienter notre société pour de nombreuses années: il faut donc se saisir de cette crise pour préparer le Québec à relever les défis de demain, plutôt que de reprendre les choses là où on les a laissées.
La crise actuelle nous donne de précieux enseignements pour agir: (1) il est important de reconnaître les risques et de les prévenir; (2) lorsque les gouvernements se basent sur la science, il est plus facile de prendre des décisions qui transforment nos habitudes; (3) le débat politique est essentiel à une démocratie pour aller de l’avant.
À partir de ceux-ci, quatre principes émergent pour orienter le plan de relance:
Premier principe: minimiser les dommages collatéraux et mieux partager les risques.
La réponse à la crise ne doit pas détériorer davantage la santé physique et mentale des citoyens, ni aggraver la crise climatique et les problèmes environnementaux. Ainsi, les aides aux secteurs les plus touchés devraient être accompagnées de conditions d’investissement dédié à leur décarbonisation et devraient mieux répartir les risques entre les citoyens et les divers acteurs de la société.
Deuxième principe: saisir les occasions qu’offre la réponse à la crise.
La relance offre une occasion d’innover afin d’encourager les comportements jugés porteurs de relance – privilégier les dépenses locales, les chaînes d’approvisionnement raccourcies, la restructuration du travail via le télétravail, etc. – qui peuvent contribuer au mieux-être collectif sur les plans de la santé, de la sécurité et de l’environnement.
Troisième principe: prévoir ensemble les prochaines crises sanitaires et climatiques en développant notre capacité de résilience.
La relance doit impliquer l’ensemble des citoyens dans un débat public. Dès à présent, le gouvernement peut coconstruire, avec les acteurs et experts du milieu, des programmes efficaces visant à combler des lacunes évidentes de notre société et accélérer la transition énergétique et le déploiement d’une économie circulaire.
Quatrième principe: instaurer des mécanismes efficaces de reddition de compte et de suivi.
On ne peut prévoir tous les effets collatéraux du plan de relance avant que celui-ci ne soit déployé. Il faut des mécanismes qui permettent de déterminer rapidement les correctifs à apporter aux programmes mis en place et de corriger le tir lorsque nécessaire.
On ne part pas de zéro: le Québec bénéficie d’une infrastructure sociale ayant prouvé toute sa pertinence. Il peut également compter sur une électricité abondante et décarbonisée, de même que sur une population réactive et solidaire. Grâce aux réflexions des derniers mois, l’État québécois dispose d’un plan à jour pour sa politique climatique.
Avec son plan de relance qui s’appuie sur l’innovation sociale, économique et technique, le Québec a l’occasion de s’établir comme chef de file au niveau mondial de la transition.
Pour lire la proposition dans sa globalité, cliquez ici.
Voici les signataires:
Normand Mousseau
Professeur, Département de physique, Université de Montréal/Directeur académique, Institut de l'énergie Trottier – Polytechnique Montréal
Catherine Beaudry
Professeure titulaire, Polytechnique Montréal/Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la création, le développement et la commercialisation de l'innovation
Louis Beaumier
Directeur général, Institut de l'énergie Trottier – Polytechnique Montréal
Luc Bernier
Professeur titulaire, Faculté des sciences sociales, Université d'Ottawa
Titulaire de la Chaire Jarislowsky en gestion dans le secteur public
Pascale Biron
Professeure titulaire, Département de géographie, Université Concordia
Roger Lanoue
Expert en management stratégique, en énergie et en accessibilité d’eau potable
Stéphane Paquin
Professeur, École nationale d'administration publique
Catherine Potvin
Professeure, Département de Biologie, Université McGill
Marie-Christine Therrien
Professeure, École nationale d'administration publique/Directrice, Cité-ID LivingLab Gouvernance de la résilience urbaine
Johanne Whitmore
Chercheuse principale, Chaire de gestion du secteur de l'énergie – HEC Montréal
Julien Beaulieu
Chercheur titulaire, Centre de transfert technologique en écologie industrielle
Catherine Choquette
Professeure de droit, Université de Sherbrooke
Jérôme Dupras
Professeur, Département des sciences naturelles, UQO/Chercheur à l’Institut des sciences de la forêt tempérée
Luc Godbout
Professeur titulaire, Chaire en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke
Maya Jegen
Vice-doyenne à la recherche, UQAM
Marcelin Joanis
Professeur titulaire, Polytechnique Montréal
Simon Langlois-Bertrand
Professeur adjoint, Département de science politique, Université Concordia
Thierry Lefèvre
Professionnel de recherche, Université Laval/Co-coordonnateur du regroupement Des Universitaires
Daniel Normandin
Directeur général, Institut EDDEC
Martin Papillon
Professeur agrégé, Université de Montréal/Directeur, Centre de recherche sur les politiques et le développement social
Marc-Urbain Proulx
Professeur, UQAC/Centre de recherche sur le développement territorial
Patrick Provost
Professeur titulaire, Université Laval/Co-coordonnateur du regroupement Des Universitaires
Jean-Philippe Waaub
Professeur titulaire, Département de géographie, UQAM