COVID-19: faut-il se méfier des systèmes de ventilation?
Des chercheurs d’Alberta veulent diminuer les risques de propagation dans les espaces clos
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Les systèmes de ventilation d’immeubles de bureaux, des écoles et des commerces sont maintenant dans la mire de chercheurs albertains, qui s’inquiètent des risques de propagation de la COVID-19 dans les espaces clos.
«Beaucoup de gens commencent à retourner au boulot. Il faut absolument savoir si les systèmes de ventilation de ces bâtiments sont sécuritaires», a expliqué Brian Feck, professeur en génie mécanique à l’Université d’Alberta.
M. Fleck codirige l’équipe de chercheurs en ingénierie et en médecine mise sur pied il y a quelques semaines à peine, dans le cadre d’un projet de recherche subventionné par le gouvernement fédéral.
Leur but est simple: faire des tests de soufflerie en laboratoire et à travers les divers systèmes de ventilation du campus universitaire pour comprendre s’il y a un risque de transmission de la COVID-19 par l’air.
Les chercheurs albertains ont comme hypothèse qu’augmenter le taux d’utilisation d’air et améliorer la qualité des filtres devraient diminuer la possibilité de contagion par la ventilation (voir encadré).
Les systèmes «bancals»
Brian Fleck estime que les risques de transmission de virus sont réels dans la majorité des bâtiments qu’on retrouve au Canada, car les systèmes d’aération y recyclent l’air ambiant, notamment pour économiser sur les frais de chauffage.
L’équipe de M. Fleck va donc se pencher sur ces systèmes plus «bancals» et non sur ceux des hôpitaux, lesquels sont habituellement munis de technologies performantes pour isoler l’air de chaque unité.
Petites gouttelettes
«On veut savoir si les systèmes de ventilation deviennent des moyens de transport des petites gouttelettes de salive et mucus, puisqu’elles peuvent rester longtemps dans l’air ambiant», a souligné Brian Fleck.
Il y a un consensus scientifique sur la transmission du coronavirus via les grosses gouttelettes expulsées par une personne qui parle ou éternue. «Là où les chercheurs n’ont pas encore de réponse claire, c’est sur le rôle des plus petites gouttelettes dans la propagation», a fait savoir l’expert en virologie Benoît Barbeau de l’Université du Québec à Montréal.
Une étude menée dans la ville chinoise de Guangzhou, entre autres, avance que des personnes ayant respecté la distanciation physique de deux mètres dans un restaurant auraient toutes été contaminées via le système de ventilation.
«Il ne faut pas sauter aux conclusions trop hâtives, a prévenu M. Barbeau, les recherches ne sont pas encore assez avancées pour savoir si les systèmes de ventilation jouent un rôle significatif dans la contamination.»
Conseils pour les propriétaires de bâtiments
L’équipe de chercheurs de l’Université d’Alberta souhaite rendre disponibles dès que possible des conseils pour diminuer les risques de propagation de la COVID-19 dans les espaces de travail clos. Les chercheurs vont d’abord tester les méthodes suivantes pour savoir si elles s’avèrent efficaces.
- Augmenter le taux d’échange d’air
- Améliorer la qualité du filtre à air
- Augmenter la fréquence de changement du filtre
- Revoir le taux d’humidité à la hausse ou à la baisse