Étiquetage unilingue: les traducteurs craignent pour la sécurité des Québécois
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L’ordre professionnel des traducteurs du Québec trouve complètement injustifiée la décision de Santé Canada de permettre l’étiquetage de certains produits seulement en anglais, le temps de la crise du coronavirus.
L’obligation de traduire en français a été suspendue par l’organisme fédéral à la mi-mars, pour certains produits provenant des États-Unis qui peuvent être utiles pour lutter contre la COVID-19, comme le désinfectant, les lingettes ou le savon pour les mains.
Or, cette décision ne peut être légitimée par l’urgence de mettre ces produits sur les rayons, a clamé l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ), par communiqué vendredi.
Selon l’ordre professionnel, il y a suffisamment de traducteurs prêts à travailler dans les plus brefs délais pour réécrire en français les indications que l’on peut lire sur ces articles.
«Selon Statistique Canada, le pays compte 17 420 traducteurs, terminologues et interprètes et le Québec, 8625. La main-d'œuvre est bel et bien disponible pour la traduction des étiquettes et des modes d'emploi», a souligné l’OTTIAQ.
Entre-temps, l’OTTIAQ s’inquiète que des Québécois puissent mettre leur vie en danger en ne pouvant lire les directives de certains produits potentiellement toxiques. À cet effet, elle a rappelé que la majorité des Québécois francophones ne comprennent pas la langue de Shakespeare.
«Toutes les mises en garde qui figurent sur les modes d'emploi de ces produits deviennent inaccessibles au public francophone unilingue. Ainsi, il est essentiel de savoir que l'eau de javel ne doit jamais être mélangée à l'ammoniaque», a illustré l’ordre professionnel, qui s’est montré très déçu que le premier ministre Justin Trudeau défende la décision de Santé Canada.