«Inquiets» pour le grand Montréal
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Accrocs dans le dépistage, contagion qui persiste, soignants fatigués. Comme Justin Trudeau, des experts se disent «inquiets» pour Montréal, où les raisons de garder la population confinée sont nombreuses.
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«Je suis député de Montréal. Je suis très inquiet pour les citoyens à Montréal comme je suis inquiet pour les gens à travers le pays», a dit le premier ministre Trudeau en point de presse hier.
Le grand Montréal est l’épicentre de la pandémie au Canada avec 18 855 cas en date d'hier. Plus de la moitié des 836 nouveaux cas et 61 nouveaux décès rapportés hier au Québec s’y trouvent.
Advenant un déconfinement à la fin mai, la métropole pourrait se retrouver avec un bilan de 150 décès par jour en juillet, projette l’Institut national de santé publique du Québec.
«Nous nous devons de [nous] assurer que ce qu’on est en train de faire prend en compte la protection des citoyens, de nos aînés comme priorité absolue», a fait valoir le premier ministre Justin Trudeau.
La plupart des experts interrogés partagent cette inquiétude.
«On est encore dans le plateau [à Montréal]. La courbe ne semble pas vouloir baisser. Il faut être plus agressifs», dit Benoît Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM.
Vigilance
«Ce qui m’inquiète, c’est le personnel. Il y a une certaine fatigue», remarque le Dr Michel de Marchie, intensiviste à l’Hôpital général juif de Montréal.
Sur le terrain, la situation est sous contrôle, dit-il. Même qu’il constate une certaine accalmie aux soins intensifs de son établissement.
«Mais ce sont des soins qui demandent d’être toujours très prudents».
À long terme, il est difficile de garder un niveau de vigilance élevé. Il est normal de devenir moins attentif avec l’usure et l’épuisement, explique-t-il.
De leur côté, plusieurs experts sont préoccupés des ratés dans le dépistage et retraçage des personnes avec qui les gens infectés ont été en contact.
Québec a annoncé son intention d’augmenter le nombre de tests. «Mais tout ça ne semble pas tout à fait fonctionner» avec la rapidité nécessaire, remarque Christian Jacob, président de l’Association des microbiologistes du Québec.
«Huile sur le feu»
«On est définitivement pas prêts pour le déconfinement à Montréal», conclut-il.
L’incendie n’est pas encore maîtrisé. Ouvrir les vannes serait comme «jeter de l’huile sur le feu», illustre Benoît Barbeau.
«Avant de déconfiner, on doit avoir rodé, huilé, évalué et peaufiné notre stratégie test-trace-isole [...] Ce que nous savons de ce virus, c’est qu’il ne faut pas lui donner une longueur d’avance. Une fois qu’on perd le contrôle, c’est très difficile de le reprendre», affirme Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Heureusement, les autorités ne se sont pas gênées cette semaine pour repousser le déconfinement de la métropole et de ses couronnes, souligne l’épidémiologiste Nimâ Machouf, qui se dit plutôt rassurée par la flexibilité du gouvernement.
Sans cela, on courait tout droit vers la «catastrophe», avoue-t-elle.
-Avec l’Agence QMI