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Est-il sécuritaire de prendre les transports en commun?

Autobus
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Est-ce une bonne idée d’utiliser les transports en commun pendant la pandémie ? Une étude universitaire basée sur un exemple chinois montre à quel point le coronavirus se propage facilement dans un milieu clos bondé comme un autobus. Si de nombreuses villes dans le monde imposent le port du masque ou limitent le nombre de passagers à bord, le gouvernement du Québec préfère s’en remettre au jugement des utilisateurs.  

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Le tiers des passagers contaminés       

Plus du tiers des passagers d’un autobus ont été contaminés par une seule personne lors d’un voyage de pèlerins en Chine, démontre une étude universitaire.               

  • En janvier, 126 personnes ont participé à un événement de culte organisé dans un temple dans la province de Zhejiang. Ils ont été transportés dans deux autobus (59 personnes dans l’autobus numéro 1, et 67 personnes dans l’autobus numéro 2).       
  • L’allée et le retour des deux autobus ont duré respectivement 50 minutes, et personne n’a changé de place pendant les deux trajets.       
  • Une femme de 64 ans atteinte du coronavirus, mais qui n’avait pas encore de symptômes, prenait place dans l’autobus numéro 2. Les auteurs de l’étude estiment qu’elle est la source de transmission la plus probable.       
  • 34 % des gens qui se trouvaient dans le même véhicule que la femme ont contracté la COVID-19, soit 23 personnes sur 67. Personne n’a été contaminé dans l’autobus numéro 1.       
  • Selon les chercheurs, la transmission par l’air du virus pourrait expliquer en partie l’éclosion observée dans le second bus. Un système d’air conditionné en mode recirculation était installé dans le véhicule, ce qui aurait pu « jouer un rôle important » dans la propagation de la maladie.       
  • Les personnes se trouvant près de la passagère infectée, assisse au milieu, n’étaient pas vraiment plus à risque d’être contaminées que les passagers plus éloignés assis à l’avant ou à l’arrière de l’autobus.       
  • « Les efforts futurs de prévention et de contrôle [de la COVID-19] doivent tenir compte du potentiel de propagation du virus par voie aérienne », suggèrent les auteurs.               

Source de l’étude et de la figure : Shen, Y., Li, C., Dong, H., Wang, Z., Martinez, L., Sun, Z., ... & Wang, F. (2020). Airborne Transmission of COVID-19 : Epidemiologic Evidence from Two Outbreak Investigations. (étude soumise, non révisée par les pairs)   

  • ÉCOUTEZ la chronique judiciaire du journaliste Félix Séguin à l'émission Dutrizac, sur QUB Radio:   

  

Des mesures au Québec  

Depuis le début de la pandémie, on ne prend plus l’autobus comme avant au Québec. Voici les principaux changements mis en place ou à venir pour freiner la propagation du coronavirus.   

Guillaume Pelletier et Camille Dauphinais-Pelletier, Agence QMI  

Les chauffeurs encabanés  

Les chauffeurs devront être séparés de la clientèle par une barrière, par exemple un panneau de plexiglas, comme on le voit dans plusieurs commerces, selon les nouvelles recommandations de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). En attendant, l’embarquement se fait par l’arrière des bus, ce qui empêche la validation des titres de transport. Le transporteur exo, qui gère les autobus sur les couronnes nord et sud de Montréal, a déjà équipé 428 de ses 632 bus d’une telle barrière. Les sociétés de transport de Longueuil, de Lévis et de Saguenay avaient déjà prévu instaurer cette mesure, et les autres évaluent comment la mettre en place.        

15 passagers, le chiffre magique  

Plusieurs sociétés de transport visent un maximum de 15 passagers par bus, mais les utilisateurs ne sont pas refoulés au-delà de ce nombre. Il est plutôt question d’ajuster l’offre en fonction de l’achalandage, par exemple en ajoutant des autobus sur les lignes où on observe plus de 15 usagers à la fois. La plupart des sociétés de transport reconnaissent qu’il ne sera pas possible de maintenir ce faible achalandage lors de la reprise des activités économiques, d’où l’importance d’adopter le masque.        

Du désinfectant à mains  

Les passagers d’autobus devraient traîner leur propre bouteille de désinfectant à mains : il n’y a qu’à Lévis et à Saguenay qu’on trouve des distributeurs directement dans les véhicules. Certaines villes en mettent toutefois dans leur terminus, et à Montréal, on en retrouvera bientôt dans toutes les stations de métro.        

Pas de bancs condamnés  

À Paris, dans plusieurs autobus, un autocollant est apposé sur certains sièges pour les « condamner », de façon à ce que les gens ne s’assoient pas côte à côte. Aucune société de transport québécoise n’a l’intention d’adopter une telle mesure pour le moment.        

Des masques pour tout le monde  

Le port d’un masque dans les bus est fortement recommandé partout à travers la province, et la Société de transport de Montréal vient même de lancer une campagne pour encourager ses clients à en mettre. La plupart des sociétés de transport fourniront des couvre-visage réutilisables à leurs chauffeurs, qui pourront les porter sur une base volontaire.          

LES RECOMMANDATIONS DE LA CNESST  

Les sociétés de transport devront mettre en place rapidement ces recommandations émises par la CNESST la semaine dernière :               

  • Installer des barrières physiques (cloisons pleines transparentes) entre le chauffeur et la clientèle.        
  • Conserver quand même une distance de deux mètres entre le chauffeur et la clientèle, par exemple en
    condamnant des bancs ou en faisant un tracé au sol.        
  • Faire monter les gens par l’avant et sortir par l’arrière.        
  • Éviter la recirculation de l’air et favoriser plutôt l’ouverture des fenêtres.        
  • Éviter l’échange de papier (paiement en monnaie, correspondances, reçus) lorsque possible, en privilégiant par exemple une validation sans contact
    ou visuelle.                

  

La prudence à l’international  

Madrid, Espagne  

Dans le réseau de métro et de trains, les policiers offrent gratuitement à tous les usagers des masques. Son port n’est pas obligatoire, mais fortement suggéré.          


New York, États-Unis  

Les heures d’ouverture du métro ont été changées afin de permettre aux employés de nettoyer quotidiennement l’intérieur des wagons. Des équipes seront mobilisées sur le réseau afin de diriger les passagers vers des wagons vides, et des signes au sol seront installés afin d’encourager la distanciation physique.         


Wuhan, Chine  

À Wuhan, le transport a repris fin mars, après deux mois d’inactivité. Les passagers doivent scanner un code QR personnel qui indique des informations sur leur état de santé. Ils doivent aussi prendre leur température avant d’entrer dans les stations de métro, utiliser un masque en tout temps et laisser une place libre entre eux et les autres passagers.         


Paris, France  

Après avoir fermé plus de 50 stations à la fin mars, le métro de Paris rouvrira graduellement à 70 % de sa capacité de transport pour le déconfinement prévu aujourd’hui. Les passagers devront laisser un siège sur deux vide pour respecter la distanciation physique et porter obligatoirement un masque.        


Medellin, Colombie  

Les transports en commun doivent rouler à 35 % de leur capacité. Le port du masque est obligatoire, les gens sans masque ne peuvent pas utiliser le système de transport en commun.          


Buenos Aires, Argentine  

Les masques sont obligatoires dans le transport public. Le nombre de passagers sera réduit à 60 %.  

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