Cet entrepôt réfrigéré pourrait accueillir 700 dépouilles
L’espace du cimetière Notre-Dame-des-Neiges a été conçu pour une pandémie
Un grand entrepôt du cimetière Notre-Dame-des-Neiges qui sert présentement à abriter des équipements mécaniques pourrait être transformé pour accueillir des centaines de dépouilles durant la pandémie.
Notre Bureau d’enquête a appris que l’endroit dispose d’unités de réfrigération et de structures de rangement pouvant accueillir jusqu’à 700 défunts.
Pour Patrick Chartrand, du syndicat des travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, il s’agit d’un non-sens.
« Ça a été conçu pour une éventuelle pandémie et il sert comme entrepôt pour mettre des véhicules », déplore-t-il.
Tout cet équipement est présentement démonté dans une section de l’entrepôt, mais des discussions ont déjà eu lieu avec la santé publique et la sécurité civile pour une éventuelle utilisation.
« Ça n’a jamais été aménagé, mais le stock est là. On a demandé de nous prévenir un mois à l’avance puisque ça n’a pas été nettoyé depuis des années », indique le porte-parole du cimetière, Daniel Granger.
En 2009, la santé publique avait également envisagé ce lieu en cas de forte mortalité liée à l’épidémie de H1N1. À l’époque, le bâtiment était presque neuf.
Un autre endroit aussi
En plus de cet entrepôt, le cimetière dispose de 500 autres places disponibles à proximité du crématorium.
Il s’agit de loin de la morgue la plus imposante à Montréal.
Présentement, moins d’une centaine de places ont été utilisées pour entreposer des corps.
Pourtant, depuis le début de la pandémie, des hôpitaux et salons funéraires ont préféré louer des conteneurs ou des roulottes réfrigérés pour faire face à la hausse du nombre de morts liés au virus.
« On a un conteneur pour des raisons de sécurité. Si on en venait à déborder, on pourrait l’utiliser », explique Lucie Marsolais, directrice générale du Complexe funéraire Aeterna à Saint-Laurent.
Selon elle, les 75 places dont dispose le salon funéraire ont toutefois été suffisantes pour absorber la hausse des décès depuis le début de la crise.
Un non-sens
Ce n’est pas le seul endroit où l’on agit ainsi. Des remorques réfrigérées ont également été aménagées du côté des salons funéraires Urgel Bourgie/Athos.
Selon Lucie Marsolais, transporter les dépouilles pour les entreposer au cimetière situé au centre-ville pourrait aller à l’encontre de la volonté du défunt et occasionner des coûts supplémentaires.
♦ On compte présentement 1500 places dans les salons funéraires et 225 dans les hôpitaux de Montréal, selon le plan de contingence de la santé publique.
Les arénas pourraient aussi servir
En cas de forte mortalité liée à la pandémie, la santé publique pourrait avoir recours à des arénas pour y stocker--- les dépouilles au frais.
Cette solution pour le moins inusitée avait fait partie des plans pour l’épidémie d’influenza H1N1.
C’est ainsi que la Ville de Mont-réal aurait eu à prêter des arénas dans les arrondissements les plus touchés.
Pour le moment, le plan d’urgen-ce pour la gestion des dépouilles indique que Montréal pourrait avoir à fournir des sites alternatifs advenant une trop forte pression sur les morgues des salons funéraires et des hôpitaux.
« Selon les besoins, un ou des lieux alternatifs sont ouverts par la Ville de Montréal, en collaboration avec les entreprises privées, pour assurer l’entreposage des défunts en provenance de la communauté et des établissements de la santé », est-il écrit dans le plan de contingence pour l’augmentation des décès liés à la COVID-19.
Comme en Espagne
Dans certains pays d’Europe, des arénas ont servi à entreposer les dépouilles durant le pic de décès liés au coronavirus. Ainsi, en Espagne, on a eu recours à une patinoire olympique dans la ville de Madrid pour servir de morgue.
La mesure d’exception a été prise dès le 23 mars pour soulager les hôpitaux de la région qui croulaient sous les morts. Au plus fort de la crise, l’Espagne comptait des centaines de morts par jour, loin de la situation du Québec où le maximum de décès dans une seule journée a atteint 163.
En Angleterre, la patinoire Milton Keynes a été aménagée pour accueillir jusqu’à 2800 dépouilles à la température requise.
Aux États-Unis, l’état du Maryland a loué deux arénas en vue de les utiliser comme morgue temporaire.
Hôpitaux temporaires
Pour le moment, les seuls arénas utilisés au Québec ont plutôt servi à traiter des patients atteints de la COVID-19. C’est ainsi qu’un hôpital temporaire a été aménagé par la Croix-Rouge à l’aréna Jacques-Lemaire, dans l’arrondissement LaSalle.
Au cours des derniers jours, la glace de la Place Bell à Laval a également été transformée en centre pour les malades.
Ailleurs, comme à Sept-Îles et Baie-Comeau, les arénas ont servi de lieux pour des tests de dépistage, notamment au volant.