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Foi d'immigrante, il n'y a pas de racisme systémique au Québec

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Je suis originaire du Cambodge et québécoise depuis près de 50 ans. Le Québec m’a accueillie à bras ouverts. Il m’a offert les mêmes chances à saisir que les natifs. Il m’a permis d’évoluer et de grandir dans le même cadre sociétal et dans le même système démocratique comportant les mêmes droits et obligations pour moi que pour tous les autres Québécois.

J’ai toujours eu la volonté de faire mienne cette société accueillante et généreuse, tout en préservant certaines de mes valeurs héritées du Cambodge.

J’ai fait ma vie au Québec en contribuant, comme entrepreneure, à sa croissance et à sa prospérité, et tout en chérissant et en préservant notre culture et notre langue française. J’y ai aussi élevé mes enfants. Je peux aujourd’hui prétendre sans complexe que toute ma grande famille — une centaine de personnes — s’est parfaitement bien intégrée au Québec. Nos plus jeunes n’ont pas d’autre patrie.

Ma gratitude envers mes compatriotes québécois est immense.

Existe-t-il du racisme au Québec? Oui, bien sûr. Le racisme est vieux comme le monde. Il y en a dans toutes les sociétés humaines. Je l’ai observé concrètement à travers les expériences personnelles que j’ai vécues sur deux continents — l’Asie et l’Amérique — et dans la centaine de pays que j’ai visités.

Cependant, en bientôt 50 ans de vie au Québec, je n’ai jamais eu le sentiment d’être traitée différemment par nos systèmes à cause de la couleur de ma peau. J’ai la conviction profonde que, comme tels, les systèmes qui encadrent notre vie en société, ici au Québec, ne souffrent aucunement de racisme. Le racisme systémique n’existe pas chez nous.

Il y a même eu des tentatives pour le prévenir. Par exemple, au sein de la fonction publique du Québec — un milieu que je connais bien —, une politique de discrimination positive en faveur des communautés ethniques a déjà été en vigueur. Toutefois, cette politique de discrimination positive semble avoir suscité des effets pervers parce qu’elle donnait à croire que la compétence était secondaire.

Affirmer que le racisme systémique existe dans une société démocratique comme la nôtre, c’est poser un mauvais diagnostic du problème. Cela fait augmenter le risque d’adopter les solutions inappropriées, voire d’aggraver les choses. Un grand danger du concept de racisme systémique est qu’il exonère les individus racistes en rendant coupables les systèmes et en encourageant une victimisation généralisée et mal ciblée. Il a existé, et il existe encore parfois, des systèmes racistes dans d’autres contrées, comme l’Allemagne nazie et le Sud esclavagiste des États-Unis. Mais le Québec contemporain en est exempt.

J’ai subi et je subis encore aujourd’hui des propos et des attitudes que l’on peut qualifier de racistes de la part de Québécois, natifs ou immigrants. Je laisse passer, car ce ne sont que des inconnus. Jamais, au grand jamais, cela n’a affecté ma volonté de m’intégrer au Québec et de faire partie du peuple québécois.

Mes expériences de la vie me permettent d’affirmer que le racisme est une réaction de l’être humain en présence de l’inconnu. Heureusement, ce sentiment peut être éduqué par la connaissance et l’appréciation de l’autre. Cette éducation est nécessaire. Elle doit se faire à double sens, c’est-à-dire de la part de l’individu soi-disant raciste, et de la part de la personne se disant victime.

Mon expérience de 50 ans à travers le monde m’a aussi convaincue que la politique du multiculturalisme pratiquée au Canada, et aussi ailleurs, bien que motivée par de bons sentiments, contribue malheureusement à exacerber l’impression d’être discriminées qu’éprouvent certaines de nos communautés ethniques. 

C’est que le multiculturalisme fait perdre de vue le point de repère qu’est la culture de la société d’accueil, chaque communauté ethnique étant fortement encouragée et soutenue légalement à préserver sa culture d’origine. Comme l’intégration n’est plus de mise, le multiculturalisme constitue un facteur de division et d’émiettement social au lieu d’unification. 

Un tel environnement politique et légal nourrit facilement le racisme.

Au Québec, il y a des individus racistes, non du racisme systémique. Afin de faire ressortir des solutions, nos gouvernants pourraient prendre avis auprès des immigrants qui réussissent bien leur intégration à la société québécoise. 

En ce qui me concerne, cette intégration passe par la valorisation de l’éducation, de l’effort, de la ténacité, du travail bien fait. Et, en fin de compte, par la gratitude envers la société d’accueil.

J’affirme que je suis fière de faire partie du peuple québécois.

Hong Sien, économiste et entrepreneure

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