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Encore malade trois mois après avoir eu la COVID-19

Une Montréalaise de 28 ans a cru qu’elle ne passerait pas à travers le virus

Laurie-Anne Ménard
Ben Pelosse / JdeM

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Une femme de 28 ans qui a encore des symptômes de la COVID-19 après trois mois invite les jeunes de son âge à être plus prudents.

«Il y a eu trois jours où j’étais convaincue que j’allais mourir. J’avais mon téléphone avec le 911 prêt à être composé», laisse tomber Laurie-Anne Ménard. 

Au plus fort de la maladie, elle s’est rendue à l’hôpital, mais on l’a renvoyée chez elle. Seule dans son appartement de Montréal, la jeune coordonnatrice pour des soirées d’humour avoue avoir passé un mauvais quart d’heure.

«J’étais tellement malade, je ne mangeais plus, j’avais de la misère à me lever pour aller me chercher de l’eau. J’ai dû faire garder mon chien Simba pendant quelques semaines parce que je n’étais plus capable de m’en occuper», raconte-t-elle. 

Elle pense avoir contracté le virus à la pharmacie, à l’épicerie ou encore en promenant son animal de compagnie. 

Mme Ménard était pourtant en forme. Avant de tomber malade, à la mi-avril, elle courait régulièrement en plus de jouer au hockey ; elle n’avait pas de problèmes de santé connus. Trois mois plus tard, elle n’est toujours pas sortie du bois.

«Tout ce que je peux faire, c’est travailler et dormir. Lorsque je reviens le soir, je vais directement me coucher. L’autre jour, je suis allée jouer au hockey et j’ai failli perdre connaissance», témoigne celle qui a repris le travail au début juillet.

La fatigue toujours là

Les symptômes les plus graves, comme les difficultés respiratoires et la fièvre, se sont estompés, mais la fatigue est toujours là. 

«Ça commence à être lourd parce que je suis habituée à travailler fort et à être active. C’est dur sur le moral», admet-elle. 

Mme Ménard se réjouit toutefois de reprendre un semblant de vie normale.

«J’étais stressée parce que j’avais plus ou moins de suivi d’un médecin. Il y avait beaucoup de questions sans réponses. Juste d’être capable de travailler et de penser à autre chose, ça fait vraiment du bien», lance-t-elle.

Imprudence

La Montréalaise se désole de voir les jeunes de son âge faire si peu attention (voir autre texte) avec le déconfinement. 

«Même en pleine pandémie, je voyais des groupes dans les parcs collés les uns sur les autres et ils n’habitaient clairement pas ensemble. Et là, il y a les manifestations antimasques, que je ne comprends absolument pas», déplore-t-elle.  

Si certains sont imprudents, Mme Ménard croit que c’est parce qu’ils n’ont pas vu le coronavirus de près.

«On voit les chiffres, mais dans notre quotidien, on ne connaît pas nécessairement quelqu’un qui l’a eu. Ça reste fictif.»

Elle reconnaît avoir été malchanceuse, mais en appelle toutefois à la prudence.

«C’est comme une roulette russe. Ça se peut que tu t’en remettes facilement et que ça passe en une semaine, mais on ne connaît pas les effets à long terme», avise-t-elle. 

«J’ai été négligent, je me disais que ça ne m’arriverait pas»  

Le relâchement face aux mesures sanitaires chez les moins de 40 ans inquiète des experts, qui craignent la contamination des proches vulnérables. 

Alex et Emmanuelle, deux jeunes dans la vingtaine qui préfèrent taire leurs noms de famille pour ne pas nuire à leur emploi, ont contracté la COVID-19 lors de soirées entre amis et ont été au centre d’éclosions dans les derniers jours. 

«J’ai été négligent, je me disais que ça ne m’arriverait pas. Finalement, je suis positif, et une bonne partie de mes amis l’ont aussi», admet le jeune homme de 28 ans. 

Résultat : une vingtaine de personnes de son entourage sont malades après avoir visité un bar de Montréal, le 21 juillet.

«Je n’ai pas fait attention et j’ai repris mes habitudes d’avant la pandémie. J’ai même bu dans le verre d’une de mes amies», avoue quant à elle Emmanuelle, 25 ans, qui a vu quatre personnes être infectées.  

Michaël Chassé.
Intensiviste 
au CHUM
Photo courtoisie
Michaël Chassé. Intensiviste au CHUM

«Ce qui nous inquiète, c’est que ces jeunes-là ont des entourages. Ils ont des parents, des grands-parents, des personnes qui ont d’autres conditions de santé. Ce sont ces gens qui sont plus vulnérables, laisse tomber le Dr Michaël Chassé, intensiviste au Centre hospitalier de l’Université de Montréal. [...] Ce sont eux qu’on ne veut pas retrouver aux soins intensifs.»

Ce n’est pas le cas pour Alex et Emmanuelle, qui regrettent leurs incartades. 

«J’étais la première de mon entourage et de mes collègues de travail à l’avoir. Le fait de connaître quelqu’un qui l’a eu, ça nous rend plus prudents», explique Emmanuelle. 

Majorité des nouveaux cas 

Récemment, les autorités ont tenté d’endiguer la propagation du virus chez les moins de 39 ans, qui représentent 35 % des cas totaux au Québec. 

Cette tranche d’âge correspond aussi à la majorité des nouveaux cas, une tendance qui pourrait se refléter dans quelques semaines dans les hôpitaux, selon le Dr Chassé.

Il admet que les jeunes ont moins de risques de développer des complications, mais qu’ils devraient tout de même être vigilants. 

«C’est toujours une question de piger le mauvais billet de loterie. Il y en a, des jeunes qui tombent malades, surtout s’ils ont des maladies sous-jacentes», ajoute le spécialiste.

– Avec Erika Aubin

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