Un prédateur sexuel de Lanaudière épinglé par Skype
Coup d'oeil sur cet article
La plateforme de communication en ligne Skype est à l’origine de l’inculpation d’un homme de Lanaudière qui a leurré 68 adolescentes à l’aide d’un stratagème de manipulation émotionnelle, en plus de détenir et de partager du matériel à caractère pédophile.
Jean Guévremont-Morin, 36 ans, a plaidé coupable à une douzaine d’accusations au palais de justice de Joliette la semaine dernière. Son père, Alain Guèvremont, était aussi dans le coup et a plaidé coupable à deux chefs d’accusation, incluant pour possession de pornographie juvénile.
«La compagnie Skype a vu qu’il y a eu 10 images de fichiers de pornographie juvénile qui ont été passées par sa plate-forme, alors elle a dénoncé au National Center for Missing & Exploited Children (NCMEC)», a mentionné Me Ariane Roy-Drouin, procureur au dossier pour le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
«On voit souvent que [ce type d’accusation] part de Skype, Instagram et Facebook qui dénoncent à des centres comme le NCMEC dans ce genre de dossiers», a ajouté Me Roy-Drouin. La NCMEC est une organisation basée aux États-Unis qui prend régulièrement en charge les dossiers d’abus sexuels contre des mineurs à l’échelle internationale.
L’homme exerçait du chantage émotif avec les jeunes filles depuis son domicile de Saint-Charles-Borromée. À vingt-trois reprises, il aurait menacé ses victimes de s’enlever la vie si elles refusaient d’envoyer des images et des vidéos osées d’elles-mêmes, faisant de la pitié son arme de prédilection.
Le trentenaire faisait systématiquement parvenir des photos de son pénis en érection à ses jeunes interlocutrices qui n’avaient rien demandé.
Les documents de la Cour indiquent que le NCMEC a repéré l’adresse IP et a appris qu’elle appartenait à un client dont la location approximative était à Notre-Dame-des-Prairies, dans le secteur de Joliette.
Le dossier a été transféré au Centre national de coordination contre l’exploitation des enfants (CNCEE). L’enquête de l'organisation a permis d’établir que l’adresse IP était liée à un utilisateur de la ville de Saint-Charles-Borromée.
Par la suite, l’enquête est passée aux mains de l’Escouade de l’exploitation sexuelle des enfants sur Internet (ESEI) de la Sûreté du Québec, qui a finalement pu identifier le compte client de Guévremont-Morin en le liant avec l’adresse de son domicile.
Le résumé des faits de la Cour mentionne par ailleurs que Jean Guévremont-Morin utilisait de nombreux pseudonymes comme «Guevnator» et «live :thesportif88» sur Skype pour leurrer les adolescentes.
«Une conversation Skype est retrouvée dans laquelle l’accusé mentionne qu’il aimerait "aseiller" (essayer) avec une jeune et lorsqu’il se fait demander l’âge , il répond "je sais pas entre 10 et 15"», peut-on lire dans le document de la Cour.
«Il y a eu 619 conversations avec six profils Skype qui ont été analysées, a ajouté Me Ariane Roy-Drouin lors de la lecture du résumé des faits. Quatre-vingt-seize ont été retenues comme correspondant à des infractions criminelles.»
Selon le document, l’homme aurait commencé dès 2006 à solliciter des images à des jeunes internautes.
Parmi les interlocuteurs, qui restent anonymes, la Cour a recensé quatre personnes de 12 ans, sept de 13 ans, onze de 14 ans, dix-neuf de 15 ans, huit de 16 ans, cinq de 17 ans et quatorze de 18 ans, ce qui porte le nombre de victimes à 68.
Le «duo» père-fils a d’abord été arrêté à l’été 2018. Ils ont ensuite été expulsés d’une organisation de hockey adulte où ils étaient bénévoles à Joliette. Les nouvelles accusation relèvent d’un bris de conditions.
L’avocate des accusés, Me Jessica De Stefano, de l’Aide juridique, a demandé, avec la Couronne, une évaluation sexologique des accusés. Les coupables reviendront en cour à la fin novembre pour les observations sur les peines à imposer.