«Les derniers humains»: le survivalisme sans stéréotypes
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MONTRÉAL – Christian Lalumière n’aurait jamais cru, l’an dernier, en commençant à tourner sa série «Les derniers humains», laquelle porte sur le survivalisme, que celle-ci serait diffusée en pleine pandémie. En plein «bris de normalité», comme disent ces adeptes de l’extrême prudence.
«Le survivalisme nous paraît toujours un peu abstrait, mais aujourd’hui, on tombe dans du concret, souligne le réalisateur. On a terminé de tourner le 5 février ; après, quand on a fait le montage, pendant la pandémie, tout ce qui se disait dans la série devenait beaucoup plus réel, et avait une résonnance encore plus forte.»
Mode de vie
«Les derniers humains», que la chaîne Historia diffuse à compter de ce vendredi, nous fait connaître la tribu de survivalistes québécois Les Primitifs, dont les activités se concentrent essentiellement autour de formations de survie offertes un peu partout en province, et principalement à Québec, Saint-Faustin-du-Lac-Carré et Saguenay.
Ses membres mènent un quotidien conventionnel et moderne la plupart du temps. L’une est massothérapeute, l’autre est employé au Laser Quest du Quartier Dix30, à Brossard.
«Ils ne vivent pas comme des vieux "pognés" en autarcie dans une cabane dans le fin fond du bois sans Internet», note Christian Lalumière.
Mais – et c’est ce qui fait d’eux des survivalistes –, ils se parent avec un soin démesuré à toute éventualité catastrophique: guerre mondiale, dégât naturel, crise économique ou... pandémie. Ils se mettent en situation de survie, apprennent des techniques en forêt ou en milieu côtier en hiver comme en été, s’adaptent à utiliser un minimum d’équipement en environnement hostile, etc.
«On se prépare pour demain, mais on se demande si on est assez prêts, illustre Christian Lalumière pour résumer la philosophie des Primitifs. On achète plus de cannes, on en apprend plus sur la nature. Ces gens s’entraînent constamment. C’est un mode de vie.»
Authenticité
«Les derniers humains» ira au-delà des clichés souvent associés au survivalisme, promet Christian Lalumière. Non, la tendance survivaliste ne rime pas nécessairement à faire des provisions monstrueuses de papier hygiénique lorsque le gouvernement décrète un confinement, comme on l’a vu en mars dernier.
«Les survivalistes, eux, l’avaient déjà, leur papier de toilette», fait-il remarquer.
C’est plutôt, d’abord, affaire d’émotions humaines, indique celui qui scénarise aussi les huit épisodes.
«J’étais tanné de voir des trucs un peu sensationnalistes à l’égard des survivalistes. Je voulais rester le plus authentique possible. On montre toujours la grosse affaire, un peu "redneck", un peu grossière, du genre : "Montre-moi tes gros "guns" et ton "bunker"!" Il y a quelque chose que je trouve intéressant chez eux, du point de vue de la société et de l’anxiété. Le survivalisme, en fin de compte, ça vient d’une anxiété. On a peur de demain, de ce qui pourrait arriver, donc on se prépare.»
D’autant plus, précise Lalumière, que ses sujets, Les Primitifs, épousent une nouvelle vague du mouvement, le néo-survivalisme, qui tend surtout à reconnecter avec la nature. Comme des «méga scouts», blague le réalisateur. Et le discours de ses interlocuteurs est consistant et pertinent, assure-t-il.
«Leur discours touche un peu plus la masse, parce qu’on fait tous attention à l’environnement, on pense à l’énergie solaire, à s’acheter des poules ou avoir un jardin. Tout le monde a ce côté en lui.»
La chaîne Historia diffuse «Les derniers humains» le vendredi à 21 h.