Je t’en supplie. «Tough» encore.
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Mercredi soir, dans l’espace de 20 minutes, mon fil Facebook est devenu noir. Des dizaines de photos de profil d’amis ont été remplacées par ce sinistre rond noir, synonyme de deuil sur les médias sociaux.
C’est tellement triste qu’à quelques heures de la Journée mondiale de la prévention du suicide, un autre ami ait perdu sa bataille pour survivre.
La bombe atomique
En quelques minutes, c’est toute une industrie qui est tombée sous le choc de la mort d’un des siens. Famille, amis, musiciens, fans, techniciens, le cercle s’étend, sans fin.
Transposez ça dans n’importe quel milieu, ça ne change rien, c’est toujours pareil.
Un suicide, c’est une onde de choc qui va tellement plus loin que juste l’entourage immédiat. Ce n’est pas un caillou dans l’eau, c’est une bombe atomique.
Le suicide, c’est sournois, c’est insidieux, c’est contagieux.
Il est habituellement convenu, dans les médias, qu’on ne parle pas des morts par suicide. Pourquoi? Pour éviter que des personnes vulnérables ne passent à l’acte dans les heures, les jours, les semaines qui suivent la nouvelle.
Un suicide, c’est radioactif.
Mais comment, alors, traiter un mal qu’on ne peut pas nommer? Comment prévenir le pire, surtout en ces temps où plus rien ne va comme il faut?
Il nous appartient, tous, de trouver les gestes, les mots, pour donner espoir à ceux qu’on aime.
Quand on refuse de parler du suicide, on refuse de donner la chance d’en parler à ceux qui pensent au suicide.
Quand on refuse de parler du suicide, on refuse aussi de voir combien, nous-mêmes, on n’est qu’à un mauvais tournant de nous engager dans un chemin sans issue.
Le suicide n’est pas un choix
Ça me fait lever le cœur quand j’entends dire: «Je respecte son choix» en parlant de quelqu’un qui s’est enlevé la vie. Ça démontre qu’on comprend encore trop peu le suicide.
Le suicide n’est pas un choix. C’est l’aboutissement de tout un parcours qui mène dans un cul-de-sac existentiel.
Personne ne choisit le suicide. Ceux qui commettent l’irréparable ne sont tout simplement plus en mesure d’envisager une option.
Quand tu n’as pas d’alternative, tu ne choisis pas, tu subis.
Et c’est là l’une des clés à propos du suicide.
Celles et ceux qui passent à l’acte n’ont, au plus profond d’eux-mêmes, aucune autre option.
Ne laissons plus personne mourir en vain
S’il est un geste qu’on peut poser, aujourd’hui, maintenant, pour tenter de sauver une vie, c’est de dire plus souvent à nos chums, nos potes, combien on les aime et combien ils sont importants dans nos vies.
C’est gratuit, ce n’est pas forçant, c’est simple et, parfois, ça aide.
Et chacun de nous, on peut aujourd’hui prendre une minute pour réaliser que ça n’arrive pas qu’aux autres.
Personne n’est à l’abri du désespoir. Ni vous ni moi.
En cette Journée mondiale de la prévention du suicide, faisons-nous la promesse de demander de l’aide si un jour on pense à mourir, si un jour on ne voit plus d’autre option.
J’ai fait la liste, dans ma tête, de toutes les personnes auxquelles je pourrais dire que je n’en peux plus. Elle n’est pas longue, mais je l’ai en tête. Au cas.
Cessez de penser que ça ne vous arrivera jamais et faites votre liste.
Personne n’est à l’abri du désespoir.
Et rappelez-vous qu’il y a aussi le 1 866 APPELLE.
Pis toi, toi qui en arraches, qui sens que tu n’en peux juste plus. Toi qui ne vois pas de porte de sortie, toi qui ne te reconnais plus dans la vie que tu subis, toi pour qui il n’y a plus de solution, toi qui as tout essayé...
Je t’en supplie. Tough encore.
Juste une journée, juste une heure. Tends la main. On est là, si près. Toute une gang qui veut t’aider, te redonner l’air que tu ne trouves plus, te tenir debout pour que tu passes à travers. Toute une gang prête à croire en la vie quand toi tu n’y crois plus.
Donne-nous encore une chance d’être là pour toi. Je te promets, on va passer à travers, ensemble.
Si vous avez besoin d'aide pour vous ou pour l'un de vos proches. Sans frais, partout au Québec, 24 h/24: 1 866 APPELLE (277-3553)