Voyages dans le Sud pour des élus
Un conseiller municipal aurait contraint un entrepreneur à lui payer un séjour en République dominicaine
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Des élus de Terrebonne auraient obtenu de luxueux cadeaux de la part d’entrepreneurs, dont des voyages dans le Sud, a relaté un témoin au procès de l’ex-maire Jean-Marc Robitaille.
« J’ai été obligé de payer un voyage à Punta Cana à M. [Michel] Morin [un conseiller municipal] », a raconté hier l’entrepreneur en construction résidentielle François Barnabé.
Celui-ci témoignait pour la deuxième journée consécutive au palais de justice de Saint-Jérôme dans le cadre du procès pour corruption et abus de confiance de l’ex-maire de Terrebonne.
Robitaille, son ex-chef de cabinet Daniel Bélec, l’ex-directeur général de la Ville Luc Papillon et l’entrepreneur Normand Trudel sont accusés dans ce dossier.
« Il [Michel Morin] s’est présenté au bureau [...] puis il nous a remerciés pour le paiement de son voyage », a commenté M. Barnabé.
Il a chiffré la valeur du voyage, qui aurait eu lieu au milieu des années 2000, entre 5000 et 6000 $.
Acteur clé
Jeudi, François Barnabé a présenté le conseiller Morin comme un des acteurs clés du développement immobilier à Terrebonne, sur la Rive-Nord. C’était lui qui « imposait les façons de faire », a-t-il dit.
L’échevin ne fait toutefois face à aucune accusation dans cette affaire.
Hier, le témoin a poursuivi son récit en soulignant que l’entrepreneur Mario Grilli en menait large, lui aussi, à l’hôtel de ville de Terrebonne à cette époque.
Condo en Floride
Grilli aurait notamment eu son mot à dire dans un projet de développement résidentiel de Barnabé, a avancé ce dernier. Il aurait même logé le maire de Terrebonne en Floride, selon Barnabé.
« Dans les réunions, c’était pas rare qu’on entendait Michel Morin [...] dire que le maire de Terrebonne était parti au condo de Mario [Grilli] », a raconté le témoin.
Les élus de Terrebonne étaient aussi avides d’autres cadeaux, selon lui.
Il a raconté que le maire Jean-Marc Robitaille l’aurait contacté à un moment pour qu’il lui donne des plans de maison.
« J’ai une faveur à te demander. J’ai un ami qui veut s’autoconstruire », lui aurait expliqué le maire. D’après le témoin, l’ami de Robitaille était nul autre que son chef de cabinet Daniel Bélec.
Bélec serait ensuite allé voir Barnabé et lui aurait demandé des modifications aux plans fournis, en plusieurs copies.
Cheap
« Il n’a pas demandé combien je te dois pour au moins payer les copies [...], rien du tout. J’ai vraiment trouvé ça cheap, assez ordinaire », a commenté le témoin.
Le procès des quatre accusés, qui a commencé en 2019, reprendra le 22 septembre prochain. François Barnabé n’a pas encore été contre-interrogé.