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Autonomie alimentaire: le vent tourne enfin pour les producteurs de bœuf du Québec

Les ventes connaissent une progression de 150 % dans certaines grandes chaînes

En avant-plan, Patrick C. Collin, propriétaire de la ferme Man
En avant-plan, Patrick C. Collin, propriétaire de la ferme Manche de pelle à Saint-Nérée-de-Bellechasse, entrevoit un avenir meilleur avec l’intérêt des consommateurs pour les produits locaux. À ses côtés, Mathieu Tremblay, qui a préféré la ville à la campagne. Photo Diane Tremblay


En début d’année, le producteur de bœuf Patrick C. Collin de Saint-Nérée-de-Bellechasse était prêt à tout abandonner et à vendre sa ferme. Toutefois, avec la pandémie, le fermier sent que le vent tourne.

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Le projet de vente a été mis au rancart. Plutôt que gérer une décroissance, la pandémie a fait croître son volume d’affaires, ce qui a permis à M. Collin de consolider des emplois.  

« Mon projet, c’était de vendre ma ferme. Ça fait des années qu’on roule à zéro ou à perte et qu’on réinvestit de l’argent. J’ai été camelot pour Le Journal de Québec pendant cinq ans, en plus d’avoir ma ferme et un autre emploi à l’extérieur le jour. Tous les jours, ça commençait à 3 h. J’ai eu deux enfants à travers ça », raconte le producteur de 37 ans.

Malgré tous ses efforts, M. Collin n’entrevoyait plus de perspectives d’avenir encourageantes jusqu’à ce que la COVID-19 mette en lumière l’importance d’encourager l’achat local. 

En plus de vendre de la viande de bouvillon biologique sur le circuit court, M. Collin cultive des légumes pour une soixantaine de familles de la région. Cette année, le producteur soutient qu’il fait face à une demande accrue. 

« C’est stimulant pour l’avenir du marché de proximité », affirme-t-il.  

« Même si on sent l’engouement, on a de la misère à croire que ça va perdurer longtemps. Si le choix du client reste au niveau du prix exclusivement, ça risque d’être difficile de s’en sortir, même si personnellement, je ne crois pas que ça coûte énormément plus cher de se nourrir d’aliments locaux », dit-il.

Les ventes à la hausse

La demande pour le bœuf du Québec est là pour de bon, selon d’autres intervenants. Entre le 1er janvier et le 30 juin, les ventes de bœuf québécois, affichant le sceau Bœuf Québec, ont connu une augmentation de 150 % dans les IGA Vive la bouffe. Depuis le 2 septembre, les produits vendus sous cette appellation sont aussi disponibles chez Maxi. 

En 2008, les éleveurs québécois produisaient près de 220 000 têtes comparativement à 80 000 aujourd’hui. 

« Il y a eu une très grande décroissance. Pour toutes sortes de raisons, on était moins compétitifs et moins organisés en filière. C’était difficile de faire notre place dans le marché », estime Jean-Sébastien Gascon, directeur général de la Société des parcs d’engraissement du Québec.

Du « bonbon »

Selon M. Gascon, la COVID-19 est venue désorganiser l’approvisionnement en Amérique du Nord forçant même des joueurs comme Cargill à suspendre temporairement ses activités à son abattoir de High River, en Alberta, ce qui a eu des répercussions jusqu’à l’autre bout du pays. 

« Les grands joueurs ont eu de la misère à fournir les épiceries qui se sont tournées vers des plus petits joueurs, dont des joueurs du Québec, ce qui fait en sorte qu’il s’est tissé des liens qui se sont poursuivis par la suite », a dit M. Gascon. 

Selon lui, il se transforme trois fois plus de bouvillons au Québec présentement par rapport à l’an dernier.

« On a été “forcés” d’accélérer un peu. Notre objectif, c’est de répondre à la demande des Québécois et de reconstruire la filière. Pour nous, c’est du bonbon. Développer un projet quand la demande est là, c’est positif », a ajouté le DG. 







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