Kajillionaire: absurdité maximale
Dans Kajillionaire, Miranda July s’amuse avec les personnages d'Evan Rachel Wood, Richard Jenkins, Debra Winger et Gina Rodriguez. Mais le spectateur y trouve-t-il son compte?
Old Dolio (Evan Rachel Wood), Robert (Richard Jenkins) et Theresa (Debra Winger) semblent attendre l’autobus. En réalité, ils se préparent à aller fouiller dans une boîte postale afin d’en dérober le contenu. Car les Dyne sont de petits voleurs, du genre à avoir besoin de payer leur loyer en retard dans un immeuble désaffecté ayant déjà servi de bureaux et dont les murs suintent d’énormes bulles de savon.
Kajillionaire est tout sauf normal. Le spectateur perd immédiatement la totalité de ses points de repère en voyant opérer, en synchro et à un rythme qui n’appartient qu’à eux, les trois membres dépareillés de cette famille. Difficile, donc, de se raccrocher à quelque chose, même lorsque Melanie (Gina Rodriguez) vient rompre l’équilibre précaire du trio en se joignant à leurs activités illégales.
Evan Rachel Wood semble parfaitement à l’aise avec son personnage d’Old Dolio, mais on peine un peu à oublier l’actrice de Westworld derrière une longue perruque et des vêtements beaucoup trop amples. Certains plans sont incontestablement superbes, les trois acteurs principaux étant chorégraphiés de main de maître par Miranda July qui ne rate pas une occasion d’opposer la froideur émotionnelle de la famille Dyne au soleil et aux couleurs de la Californie.
Visuellement gracieux et carrément déjanté (comme ces moments où les Dyne nettoient leurs murs sur lesquels coulent des bulles de savon qui ressemblent à des monstres de bande dessinée), ce Kajillionaire apparaît comme un exercice de style, une succession de plans et de séquences pour lesquels Miranda July aurait ensuite écrit les dialogues.
C’est habile, intéressant, mais pas vraiment engageant, car une fois l’effet de surprise (agréable) passé, on ne parvient pas à s’investir dans cette histoire qui manque cruellement d'émotion.
- Note: 3 sur 5