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Encore des transferts d’employés dans les CHSLD

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Photo Agence QMI, Joël Lemay Des syndicats de santé reprochent à des établissements de faire appel à des agences externes­­­ et de tolérer les mouvements de personnel, malgré les risques potentiels de contagion.

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Alors que le gouvernement annonce la fin imminente de la mobilité du personnel dans les résidences pour personnes âgées, des employés chargés de l’entretien et des services alimentaires se déplacent encore allègrement d’un CHSLD à un autre, a appris notre Bureau d’enquête.

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Juste dans la grande région de Montréal, cette pratique aurait encore lieu dans les CHSLD d’au moins six établissements de santé, selon la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), qui représente 75 % des préposés aux bénéficiaires, employés d’entretien et de services alimentaires (voir exemples ci-dessous). 

Le portrait est tout aussi inquiétant dans les résidences privées pour aînés. 

Le Syndicat québécois des employés de service (SQEES), qui représente la majorité des travailleurs de ces résidences, estime qu’au moins 20 % de ses membres de la grande région de Montréal travaillent dans deux endroits, afin de joindre les deux bouts. 

Et c’est sans compter le recours à des agences privées pour combler les besoins en main-d’œuvre. 

Dangereux

« Sur une période de 24 heures, un patient peut avoir affaire à cinq ou six personnes différentes. C’est dangereux », lance la présidente du SQEES, Sylvie Nelson. 

Le recours aux agences est particulièrement problématique, selon le président du FSSS–CSN, Jeff Begley. 

« [L’établissement] va appeler une agence parce qu’il a besoin de trois personnes à l’entretien ménager à tel CHSLD. Le contractant, son obligation, c’est de fournir ces trois personnes-là, capables de faire le travail. Point à la ligne. L’employeur n’a pas le contrôle sur qui rentre au CHSLD », illustre-t-il. 

La situation est à ce point courante qu’elle est remarquée et même signalée de plus en plus par les familles de résidents, selon le Conseil pour la protection des malades. « Ça semble être une minorité d’endroits. Mais cette minorité continue de créer et de propager le risque de contamination. Il y a quelques jours, on m’a encore rapporté une situation de ce genre dans un CHSLD », affirme le porte-parole Paul. G. Brunet. 

Un objectif atteignable ?

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait pourtant annoncé en août une série d’objectifs à atteindre en prévision d’une deuxième vague de COVID-19, comprenant notamment la fin de la mobilité de la main-d’œuvre dans toutes les résidences d’ici le 30 septembre.

Le ministère de la Santé était incapable de dire hier si cet objectif serait atteint. On a seulement indiqué que des plans d’action étaient en cours en vue de réduire « au minimum » les déplacements de personnel. 

Or, si le problème de la mobilité n’est pas réglé rapidement, les conséquences pourraient être funestes, selon le médecin-épidémiologiste Gaston­­­ De Serres. 

« Si on a des gens qui vont dans plusieurs établissements, c’est clair que le risque [de contamination] est plus grand [...] La mobilité de personnel est l’un des facteurs qui est certainement pointé du doigt pour expliquer ce qui s’est passé dans les CHSLD le printemps dernier. »

Six cas présumés de mouvements de personnel  

Difficile d’obtenir un portrait clair des mouvements de personnel dans les CHSLD de la grande région de Montréal. Syndicats et établissements de santé y vont souvent de versions contradictoires.

CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal

Selon la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), il y a encore des mouvements de personnel de l’entretien ménager et des services alimentaires dans les CHSLD. 

De son côté, le CIUSSS admet avoir recours à trois agences, mais uniquement pour « combler exceptionnellement des besoins ponctuels » dans les services alimentaires. On dit aussi travailler à stabiliser la main-d’œuvre. 

CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal­­­

Selon la FSSS, des employés des services alimentaires et de l’entretien fournis par des agences se déplacent d’un CHSLD à un autre. 

Le CIUSSS rétorque qu’il n’y a aucun mouvement de personnel au sein de ses installations et que les agences « doivent assurer que la main-d’œuvre qui est dirigée vers nos installations ne soit pas dirigée vers d’autres installations du réseau. »

CISSS de Laval

Selon le syndicat, le CISSS a recours à des agences pour combler des besoins en entretien. 

Le CISSS, lui, affirme qu’il n’y a pas de déplacements de personnel. « Tous les employés engagés sont assignés à un seul site, incluant le personnel de firmes externes. »

CISSS de la Montérégie-Est

Selon le syndicat, il y a des déplacements du personnel de l’entretien ménager d’un établissement à un autre. 

Le CISSS admet que des employés peuvent être déplacés « dans le respect des zones chaudes et froides, dans des situations exceptionnelles ». 

CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal­­­

Selon le syndicat, il y a du mouvement de personnel chez les employés de l’entretien ménager et des services alimentaires.

Le CISSS réplique que depuis le début de la semaine, il y a une consigne qui met fin au déplacement du personnel de l’hygiène. Pour les services alimentaires, il y a des mouvements, mais il n’y aurait pas de contact direct avec les usagers. 

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