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Se battre pour ce que l’on aime

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Si le gouvernement Legault était à l’écoute de la science climatique, il n’y aurait pas d’audience publique sur le complexe de liquéfaction de gaz naturel Énergie Saguenay. Pas de BAPE sur GNL comme en ce moment.

On aurait déjà dit non. Par respect pour l’avenir de nos enfants. 

Alors que toutes les économies du monde sont appelées à sortir de leur dépendance aux énergies fossiles pour respecter les limites planétaires, le Québec envisage un projet qui contribuera à salir sa réputation de producteur d’énergies vertes. On est prêt à détruire un peu plus la planète.

Selon une majorité d’experts et de citoyen.ne.s s’étant exprimés cette semaine devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), GNL Québec contribuera à la destruction de la beauté du monde, pas à sa préservation. 

C’était notamment le message porté par les jeunes à travers les interventions de 48 associations étudiantes représentant 300 000 étudiants. Ils exigent l’arrêt immédiat du projet. Ils soulèvent des motifs d’équité intergénérationnelle quant aux vrais coûts (environnementaux, sociaux et économiques) de GNL Québec, qu’ils auront à assumer de manières disproportionnées.

Pas d’acceptabilité sociale

Si le projet GNL Québec se réalise, il contribuera à l’émission d’au moins huit millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES) par année, selon les chiffres des promoteurs. C’est l’équivalent de 3,3 millions de voitures supplémentaires sur les routes du pays. 

Mais selon des experts indépendants, il faudrait plutôt doubler ce chiffre pour tenir compte de toutes les émissions prévisibles d’un bout à l’autre du cycle de vie du gaz. Particulièrement les émissions fugitives de méthane qui se poursuivent même lorsque les usines sont fermées et les puits scellés. 

C’est ce que soutient notamment Marc Durand, docteur et ingénieur en géologie et géotechnique, aussi professeur retraité de l’UQAM. Il estime qu’il faudrait forer au moins 16 000 puits de gaz naturel, essentiellement par fracturation hydraulique, pour alimenter le complexe de liquéfaction GNL actuellement à l’étude. Ceux-ci sont principalement en Alberta.

La construction d’un gazoduc de 780 km serait aussi nécessaire sans parler des impacts de gigantesques méthaniers sur la biodiversité du magnifique fjord du Saguenay. 

Bélugas

On s’inquiète particulièrement pour la protection du béluga du Saint-Laurent, une espèce en péril. Selon le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), on sait déjà que le dérangement anthropique comme le bruit sous-marin est une des principales menaces au rétablissement de ce mammifère marin. Doubler le trafic maritime dans son habitat contribuerait au problème. Pas aux solutions. 

La patience a ses limites

Si la participation aux audiences publiques sur GNL a franchi de nouveaux records, particulièrement chez les jeunes, cela n’empêche pas l’exaspération des nombreux participant.e.s tous âges confondus. 

Comment se fait-il qu’avec toutes les connaissances dont on dispose et toutes les pistes de développement économique écologique et socialement responsable qui existent, nous en soyons encore à envisager des projets dignes d’une économie des temps passés? 

Le temps est marqué par l’urgence. On le sait. Les démonstrations scientifiques et les appels à l’action pacifique n’étant pas pris au sérieux, la question des stratégies d’action climatique se pose. Certain.e.s se plongent dans la lecture de Comment saboter un pipeline du Suédois Andreas Malm. Plusieurs sentent le besoin de se radicaliser. 

L’avenir est ailleurs

De meilleurs projets économiques existent pour créer des emplois tout en préservant l’environnement. Pensons à l’efficacité énergétique, à la production d’énergies renouvelables, à l’économie circulaire, l’écoforesterie, l’écotourisme, l’agriculture biologique régénératrice, la rénovation et la construction écologiques, etc. 

Pensons aussi à des modes de vie et d’organisations sociales qui nous permettront de sortir d’un modèle qui carbure à la surconsommation et au gaspillage. Un modèle aliénant dans lequel nous sommes nombreux à être prisonniers.  

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, comme tout le Québec, est un terreau fertile pour une relance juste et verte. Ne nous embarquons pas dans des projets d’infrastructures polluantes qu’on devra rentabiliser pendant des décennies. Ce serait une erreur monumentale. 

On sait que pour éviter un emballement climatique, il nous faut diminuer de moitié nos émissions de GES d’ici à 2030 et être carbone neutre d’ici à 2050. Il est temps de s’y mettre!

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