Gilbert Rozon l’emporte contre Les Courageuses
La Cour suprême n’entendra pas la demande du collectif de femmes
Gilbert Rozon n’a plus à se soucier des Courageuses, qui s’insurgent contre la décision de la Cour suprême de ne pas entendre leur demande d’action collective de plus de 10 millions $ contre le magnat déchu de l’humour.
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« On est choquées, c’était l’occasion pour le tribunal de se positionner sur une question qui touche des milliers de victimes. Je suis en colère, c’est une gifle dans notre face, mais aussi dans celle de toutes les victimes », a déclaré la comédienne Patricia Tulasne en entrevue avec Le Journal, hier.
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Mme Tulasne, la porte-parole du collectif Les Courageuses, regroupant une vingtaine de femmes accusant Gilbert Rozon d’être un prédateur sexuel, a reçu une douche froide hier quand la décision de la Cour suprême est tombée. Et comme le plus haut tribunal du pays n’explique en aucun temps ses refus, elle ne saura jamais pourquoi une telle décision a été prise.
« On a refusé de nous entendre au criminel [aucune des plaintes à la police n’a été retenue, NDLR] et aujourd’hui, c’est au civil. C’est comme si on nous envoyait le message que la cause n’est pas assez importante... C’est un triste jour pour les victimes », déplore Mme Tulasne.
Pas comme Mike Ward
Et cette « gifle », elle la digère d’autant plus mal qu’une autre cause médiatisée a de son côté reçu l’aval du tribunal pour être entendue.
« La Cour suprême accepte d’entendre Mike Ward, qui se moque d’un handicapé, mais pas les femmes qui sont agressées par un même homme, a-t-elle dit. Je suis désillusionnée. »
Ainsi, Rozon sort grand gagnant de ce combat contre celles qui l’accusaient de les avoir agressées sexuellement, à divers degrés, entre 1982 et 2016. Ces femmes avaient choisi d’y aller par action collective, car « poursuivre individuellement, ça coûte une fortune », a expliqué Mme Tulasne.
Il s’agissait de la première fois qu’une action collective visait un seul individu, et non un organisme ou une entreprise.
Pas assez similaire
Or, si le collectif avait remporté une première bataille en obtenant l’autorisation d’aller de l’avant en Cour supérieure du Québec, il a ensuite perdu en Cour d’appel, sous prétexte qu’il n’y avait pas assez de similitudes pour justifier ce mode de poursuite, puis en Cour suprême.
« Depuis le début [...], nous avons répété que l’action collective ne pouvait être utilisée dans ce type de situation [...], a commenté Me Raymond Doray, qui représente Rozon. Nous sommes très heureux que cela soit maintenant reconnu par la Cour suprême, mettant fin ainsi à un processus que nous avons toujours considéré injustifié. »
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« On va continuer à se battre », a toutefois assuré Mme Tulasne, qui espère des changements législatifs pour aider les victimes de crimes sexuels.
Parallèlement à ce dossier, Rozon a été accusé de viol et d’attentat à la pudeur pour des événements qui remontent à 1980.
Ce procès tire à sa fin avec les plaidoiries de la Couronne, jeudi. Il a aussi intenté, en septembre, une poursuite en diffamation de 450 000 $ contre les animatrices Julie Snyder et Pénélope McQuade, qui l’ont accusé d’être un agresseur sexuel durant une émission de La semaine des 4 Julie, à la chaîne de télé Noovo.