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La version Rozon «défie la logique» dit la Couronne

Le magnat de l’humour déchu sera fixé sur son sort le mois prochain

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Gilbert Rozon a inventé une histoire digne d’une toile impressionniste en livrant une version qui « défie la logique », a plaidé la Couronne au procès du magnat de l’humour déchu, qui sera fixé sur son sort la même semaine qu’Éric Salvail.

Gilbert Rozon au moment de son arrivée au palais de justice jeudi.
Photo Martin Alarie
Gilbert Rozon au moment de son arrivée au palais de justice jeudi.

« Le témoignage de l’accusé est calqué sur celui de la plaignante, il diverge seulement sur les parties incriminantes. Au final, sa version ne fait pas de sens », a lancé le procureur de la Couronne Me Bruno Ménard, jeudi.

Gilbert Rozon a été accueilli par un collectif de femmes contre les violences sexuelles, qui ont fait sentir leur présence.
Photo Martin Alarie
Gilbert Rozon a été accueilli par un collectif de femmes contre les violences sexuelles, qui ont fait sentir leur présence.

Rozon a été accueilli au palais de justice de Montréal par des manifestantes qui lui ont donné une « leçon de consentement », juste avant les plaidoiries finales à son procès. 

Assis à la première rangée de la salle d’audience, il a ensuite écouté la Couronne expliquer en quoi il devrait être condamné pour viol et attentat à la pudeur pour des événements survenus dans les Laurentides en 1980.

À l’époque, l’accusé était âgé de la vingtaine et n’avait pas encore fondé Juste pour rire. Lors de son passage dans une station de radio, il avait invité une employée à sortir en discothèque. Il l’a ensuite emmenée dans une maison et lui a fait des avances, qu’elle a repoussées.

Or, si la plaignante a assuré qu’elle avait dû se débattre, Rozon a pour sa part affirmé avoir respecté le consentement. Puis, le lendemain matin, la victime assure que Rozon a commencé à la violer pendant qu’elle dormait. 

Rozon, de son côté, a juré que c’était le contraire, que c’est la femme qui a abusé de lui dans son sommeil, et qu’il a « pris [son] plaisir ». 

Toile impressionniste

Lors de la dernière audience, les avocats de Rozon ont invité la juge à rejeter la version de la plaignante et de croire celle de leur client. Or, pour la Couronne, la version de la plaignante est tout à fait crédible. Et même ses trous de mémoire sont cohérents, étant donné que les événements datent d’il y a 40 ans.

« Ce n’est pas parce qu’elle ne se souvient pas d’un menu détail, comme le nombre de boutons sur sa chemise, que ça ne justifie pas la condamnation, a plaidé Me Ménard. Quand elle dit qu’elle ne se souvient pas, c’est compatible avec son désir de fournir une information fiable. »

Celle de Rozon, par contre, est complètement invraisemblable, a-t-il ajouté en la comparant à une « toile impressionniste » qui, de proche, « ne fait pas de sens ». 

Stéréotypes

Le procureur en a d’ailleurs profité pour rappeler que même si la victime a dit s’être laissée faire au petit matin, contrairement à l’événement quelques heures plus tôt, cela ne se voulait pas un consentement.

« On peut se battre le soir et se laisser faire sans consentir le lendemain, c’est la nature humaine », a plaidé Me Ménard en critiquant la défense qui avait insinué que la plaignante aurait pu partir durant la nuit. Car cette façon de penser ramène aux mythes et aux stéréotypes de la « bonne victime ».

Les plaidoiries terminées, la juge Mélanie Hébert a annoncé qu’elle rendrait son verdict le 15 décembre prochain. 

Rozon sera donc fixé sur son sort trois jours avant Éric Salvail, un autre ténor déchu de la scène artistique lui aussi accusé de crimes sexuels.

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