Ces entreprises locales font un pied de nez au Vendredi fou
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La journée du Vendredi fou coïncide cette année avec une crise sans précédent. Pour certaines entreprises d’ici, il était hors de question de promouvoir l’événement tel qu’on le connaît, se tenant loin de la surconsommation.
DOYLE: Des lunettes pour déjeuner
«Ça ne fait pas de sens d’augmenter l’achalandage pour un moment ponctuel et comme entreprise de santé, j’ai une responsabilité supplémentaire», lance sans détour Patrick Doyle, opticien et président de la lunetterie québécoise DOYLE.
L’entreprise a plutôt misé sur la belle vitrine que leur offre l’événement pour sensibiliser à autre chose, soit le Club des petits déjeuners. Pour chaque monture vendue, l’entreprise remet 15$ au Club durant toute la semaine de leur «Vendredi doux», comme ils aiment l’appeler.
«C’était encore plus pertinent cette année. Ça a été une décision consciente de ne pas miser sur les rabais et plutôt faire notre part en redonnant. Pourquoi ne pas profiter du nom de cette semaine-là et sensibiliser les gens à la réalité d’une partie de la population?», s’est demandé Patrick Doyle.
LE PETIT COCON: Des cadeaux pour d’autres enfants
«Nous on ne fait pas de Vendredi fou, ce n’est pas notre philosophie. On veut contrer la surconsommation en achetant mieux et acheter moins et c’est pour ça que nos jouets sont de qualité», explique Dominik Cadieux, propriétaire de la boutique pour bébés et enfants Le petit cocon à Saint-Jean-sur-Richelieu.
«Plusieurs enfants n’auront pas la chance d’avoir des cadeaux cette année et on s’est demandé ce qu’on pouvait faire pour redonner au suivant», explique la propriétaire.
À 5 minutes de marche de la boutique se trouve l’Étoile de pédiatrie sociale du Haut-Richelieu, un organisme qui soutient les enfants à risques et en situation de vulnérabilité.
Pour redonner concrètement, l’entreprise a proposé à sa clientèle d’acheter un cadeau neuf en boutique du 15 au 30 novembre en vue de les offrir directement à l’organisme.
«On s’attendait à avoir une centaine de cadeaux et 3 jours après le début de l’événement, on en a déjà une soixantaine», s'étonne-t-elle.
Dominik Cadieux souhaite aussi conscientiser sa clientèle aux enjeux du commerce local et particulièrement lors d’un événement commercial comme le Vendredi fou.
Des gens veulent acheter local mais ils nous demandent des codes promo. Ben non je ne vous donnerai pas de code promo, allez sur Amazon! On est un petit commerce, on n’est pas un Toys R Us ou une autre multinationale. Les gens ne comprennent pas ça», déplore l’entrepreneure.
MARILOU DESIGN: Une robe pour expliquer le prix d’un vêtement d’ici
La fondatrice de la boutique en ligne Marilou Design, Marilou Boucher, voulait d’abord se lancer en affaires pour inciter sa clientèle à consommer la mode autrement que par le fast fashion.
«J’ai décidé de ne jamais participer au Black Friday. C’est à l’encontre de ce que je prône jour après jour. Je fais des produits durables de façon éthique et le Black Friday célèbre l’abondance et le superflu», croit-elle.
Bien consciente que l’achat local a un prix, Marilou Boucher a souhaité éduquer la clientèle en lançant une robe noire à l’occasion du Vendredi fou. Cette dernière est accompagnée d’une charte qui explique chaque étape de sa fabrication et son coût.
«On sait que le local coûte plus cher mais on ne sait pas nécessairement pourquoi. Je veux être transparente avec mon prix par rapport à toutes les personnes qui interviennent dans le processus de création du vêtement», explique-t-elle.
Contrairement aux compagnies qui misent gros sur les rabais, Marilou souhaite montrer qu’elle vend déjà à juste prix.
«Je ne me pars pas une business juste pour faire des sous, je veux aussi apporter du changement», conclut-elle.