La santé mentale des Québécois est menacée
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Agissons maintenant!
Depuis le début de la pandémie, nos vies ont été durement ébranlées. Nous sommes devant l’inconnu et, malheureusement, la période des Fêtes devra se vivre différemment cette année. Avec la distanciation et les interdictions d’interactions sociales, le désespoir et l’ennui prennent de la place, déjà occupée par la dépression saisonnière, ce qui affecte grandement le moral des gens.
Notre organisme en santé mentale, qui a pour mission de favoriser la réinsertion sociale des personnes atteintes, a vu augmenter les cas de détresse, l’isolement n’étant pas recommandé pour les gens souffrant de maladie mentale. Aussi, nous nous inquiétons de la santé mentale de l’ensemble de la population québécoise, qui semble triste et épuisée et qui vit de l’anxiété et de l’angoisse, étant ainsi susceptible de souffrir de détresse psychologique.
Depuis la mise en place de mesures sanitaires, plusieurs personnes éprouvent de la difficulté à demeurer isolées, sans pouvoir rencontrer même seulement leur famille, se sentent oubliées, sont découragées et n’ont plus d’espoir pour la prochaine année. Il est important de maintenir une bonne santé mentale et de développer des relations sociales entre amis, collègues et étudiants, mais surtout, d’entretenir des liens familiaux. Cependant, nous vivons l’opposé et cela a comme impact de détériorer notre santé mentale.
Or, même si on nous annonce un vaccin qui doit être mis en place d’ici quelques mois et même pour tous, il ne sera pas déployé avant un an et demi probablement. Mais qui, au juste, va en bénéficier dans la prochaine année? Cela laisse croire que la pandémie est loin d’être terminée et que le confinement va se prolonger encore plus d’un an.
Passer en mode action
Nous devons agir tout de suite pour contrer l’isolement et la détresse en nous assurant que tous puissent bénéficier des services de base en santé mentale, car ces derniers sont présentement anémiques dans notre société dite évoluée et riche. Il est important de créer des ponts avec les personnes qui souffrent depuis le début de la pandémie. C’est un droit humain par rapport à notre charte, mais il faut le faire en respectant les besoins de chacun, incluant les personnes du troisième âge qui, présentement, souffrent beaucoup du confinement.
Nous devons démystifier davantage la maladie mentale et mieux comprendre les comportements des gens vulnérables qui en souffrent. En tant que collectivité, il nous faut trouver des moyens pour sensibiliser davantage la population. Par exemple, nous pourrions donner, dans nos écoles secondaires, nos cégeps et nos universités, des cours sur les maladies mentales. L’enseignement pourrait ainsi contribuer à combattre les préjugés et les tabous.
Enfin, redonnons espoir aux personnes les plus vulnérables et aux familles déjà éprouvées par cette pandémie qui fait des ravages. Surtout, rassurons celles qui ont perdu leur emploi, celles qui ont attrapé la COVID-19, celles qui se sont appauvries durement et aussi les personnes âgées qui vivent dans les CHSLD et qui sont isolées davantage, faute de personnel, mais aussi qui sont disposées à une plus grande vulnérabilité, étant donné leur santé physique et mentale fragile. Car là où il y a de l’espoir, il y a de la vie...
La pandémie nous aura fait réaliser à quel point les relations humaines sont vitales dans une société.
Lucie Couillard
Directrice et coauteure du livre Schizophrénie – Au secours des familles – Guide pratique du proche aidant
Centre de soutien en santé mentale - Montérégie