Des aînés infectés par la COVID délogés de leur CHSLD
En une semaine, 23 résidents et 13 employés ont été déclarés positifs
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Une vingtaine de résidents infectés à la COVID-19 dans un CHSLD de la Montérégie aux prises avec une éclosion ont été transférés inopinément dans un autre centre d’hébergement, ce que déplorent des préposés aux bénéficiaires ainsi que le Conseil pour la protection des malades.
« Un résident est parti avec son petit sac bleu scellé qui contenait [ses effets personnels]. Il ne comprenait rien. Il ne savait pas où il partait. Ça n’a pas de sens », témoigne une préposée aux bénéficiaires du CHSLD Gertrude-Lafrance, à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Elle a requis l’anonymat par peur de représailles.
Vingt-trois personnes âgées ainsi que 13 employés de cet établissement ont contracté le virus depuis le 21 novembre.
Les résidents ont tous été transférés « en dehors du CHSLD dans le but d’éviter la propagation du virus à l’intérieur du centre », fait savoir le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre.
« La peur dans les yeux »
Selon nos informations, la plupart des aînés auraient été déplacés au CHSLD Sainte-Croix, à Marieville, où il y a trois cas actifs d’après le site du gouvernement du Québec. Une vingtaine de kilomètres séparent les deux établissements.
D’autres sont allés à l’hôpital, selon leur état de santé.
Une deuxième personne qui travaille au CHSLD Gertrude-Lafrance dit avoir vu « la peur dans les yeux » de résidents lorsqu’ils partaient.
« Certains étaient en crise et demandaient : “Je m’en vais où ? Pourquoi je m’en vais ?” Déjà que le confinement a un impact sur leur santé mentale. C’est un autre choc pour eux », raconte-t-elle.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux demande que les résidents demeurent dans leur CHSLD en zone chaude, mais un établissement « peut choisir de [les] transférer en raison d’un contexte particulier ».
L’importance de la stabilité
La situation n’est pas prise à la légère au ministère, qui se dit sensible « à l’importance de la stabilité des milieux pour les personnes qui y résident ».
Les familles doivent être informées lors des déplacements.
Me Paul G. Brunet, du Conseil pour la protection des malades, trouve irrespectueux que ni les résidents ni leur famille ne soient au cœur de ces décisions.
« On les déménage de leur maison sans leur demander la permission. On choque, on fait de la peine, on cause des préjudices à ces [résidents], et ce, au nom d’une certaine sécurité », argumente-t-il.
Il considère la solution discutable d’autant plus que les déplacements de personnel entre établissements et entre zones chaudes et froides persistent pendant la deuxième vague de la pandémie. Il s’agit, selon lui, de la principale source de contamination.
Le joueur de football et docteur Laurent Duvernay-Tardif a travaillé au CHSLD Gertrude-Lafrance durant la première vague.