La COVID envahit une famille de 10
La mère et six de ses huit enfants ont été contaminés par le virus et le clan pourrait être isolé jusqu’à Noël
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Ce qu’une mère de huit enfants redoutait après s’être vu refuser l’école virtuelle est finalement arrivé : la COVID-19 a contaminé presque toute la famille et la prive de revenu depuis plus d’un mois.
« Nous avons huit enfants. Trois ont des problèmes de santé, dont un avec un déficit immunitaire. [...] Je me suis battue pour l’école virtuelle, mais j’aurais dû me battre encore plus. Aujourd’hui, ça donne ça : tout le monde est malade », laisse tomber Sophie Francoeur Lahaie, une mère de Saint-Calixte, dans Lanaudière.
Le 26 octobre, son fils de 13 ans s’est réveillé avec de la fièvre, des maux de tête, des courbatures et une grande fatigue. Deux jours plus tard, il a reçu le résultat de son test de dépistage à la COVID-19 : positif.
La femme de 36 ans et six de ses enfants ont finalement été contaminés par le virus.
« On est en isolement depuis le 28 octobre et on le sera jusqu’au 8 décembre, si les trois derniers ne la pognent pas, lance-t-elle. Sinon, ça ira jusqu’à Noël. »
Le clan est donc sans revenu depuis plus d’un mois. Son conjoint, Jonathan Francoeur, est comptable pour une firme de Montréal et il ne peut pas faire de télétravail, tandis qu’elle possède une entreprise de bracelets d’identification d’allergie pour enfants et ne peut prendre le risque d’envoyer ses produits aux clients.
« L’impact de la COVID n’est pas que la maladie », observe-t-elle.
Hier encore, la Santé publique rapportait 1480 nouveaux cas de COVID-19, portant à 139 643 le nombre de gens infectés au Québec depuis le début de la pandémie. On signalait aussi 37 nouveaux décès, pour un total de 7021.
Des séquelles
La majorité des membres de la famille s’en sont tirés avec des symptômes variant entre « rien du tout et une bonne grippe », explique Mme Francoeur Lahaie. Mais son fils de 13 ans, lui, traîne des séquelles.
« Il a été hospitalisé à Sainte-Justine. Il a de la misère à manger, il est essoufflé, fatigué. Il est suivi par une pneumologue qui l’a mis en arrêt d’école pour une durée indéterminée », détaille la mère qui est persuadée qu’il a contracté la COVID dans sa classe où « quatre enfants ont été contaminés ».
Son fils, souffrant d’un léger problème cardiaque, fréquente l’école secondaire Havre-Jeunesse à Sainte-Julienne, qui, vers la fin octobre, était considérée comme « problématique » par la Santé publique de Lanaudière.
Difficle d’y échapper
« [Le premier ministre François] Legault n’a pas pensé aux familles nombreuses dans les critères donnant accès à l’école virtuelle », déplore Mme Francoeur Lahaie. Pourtant, trois de ses enfants ont des problèmes de santé.
Elle a contacté un immunologue, une neurologue, un médecin de famille et deux administrations scolaires, « mais rien ne justifiait notre droit à l’école à distance selon le gouvernement », fait-elle valoir.
« Il appartient à un médecin de déterminer si un enfant doit recevoir un enseignement à distance à cause de son état de santé ou de celui d’une personne avec laquelle il réside », a répondu au Journal le ministère de l’Éducation.
Mais Mme Francoeur Lahaie savait pertinemment que si la COVID-19 entrait dans sa maison, il serait difficile pour sa famille d’y échapper. « Le gouvernement ne fait pas confiance aux parents, dit-elle. On n’a pas eu d’autre choix que d’envoyer nos enfants en présentiel. En fin de compte, ils vont avoir manqué presque deux mois d’école. »
- Selon le ministère de l’Éducation, en 2019-2020, 5964 enfants étaient scolarisés à domicile, et cette année, ils sont plus de 12 000.
C’est également fatigant mentalement
Si la gestion d’une famille de 10 personnes est déjà sportive, elle le devient encore plus lorsque toute la maisonnée est infectée par la COVID et isolée depuis plus d’un mois.
« Le plus difficile a vraiment été la fatigue mentale ajoutée aux symptômes de la maladie », fait valoir Sophie Francoeur Lahaie, qui est confinée avec son conjoint et leurs huit enfants depuis le 28 octobre à leur domicile de Saint-Calixte.
« On est tous tombés [sept membres de la famille] à quatre ou cinq jours d’intervalle », poursuit la mère en toussant au téléphone.
Depuis son diagnostic positif à la COVID-19, le 29 octobre, des symptômes de la maladie persistent.
« Je ne suis pas tout à fait guérie. Je tousse encore, je suis fatiguée et j’ai eu des complications, explique-t-elle. Je viens de commencer des antibiotiques pour une bronchite. »
Penser à tout
La femme confie qu’elle et son conjoint ont « trouvé ça raide ».
« Même si toute la maison est malade, il faut penser à tout pour que la routine reste la plus normale possible : faire le ménage, les repas, faire les devoirs pour éviter que les enfants ne prennent trop de retard à l’école », détaille-t-elle.
« Je n’ai aucune minute pour moi depuis la fin octobre, ajoute celle qui est aussi entrepreneure [voir autre texte]. Je ne pouvais même pas sortir faire une marche dans la rue pour décompresser. »
Malgré l’importante charge qu’amène l’isolement d’une famille de dix, Mme Francoeur Lahaie avoue qu’elle s’attendait à ce que ça soit « un peu plus le bordel ».
Vive une épicerie de 1000 $
La famille a pu compter sur l’aide d’amis et de parents pour récupérer des commandes mobiles dans les grandes surfaces. Et, par hasard, la mère venait tout juste de faire le plein de provisions.
« Même pas une semaine avant de tomber en isolement, j’ai fait une immense épicerie de 1000 $. C’est ce que ça nous coûte par mois environ. On dirait que j’avais un mauvais pressentiment, raconte-t-elle. Je venais de tout “restocker”. »