Deux fois plus d'intrusions sur les voies ferrées dans le grand Montréal
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Deux fois plus de gens s'aventurent sur les voies ferrées dans la région de Montréal depuis le début de la pandémie de COVID-19, un comportement très dangereux et qui peut s'avérer mortel.
«Depuis le début de la pandémie, on a un gros problème au niveau des intrusions, c'est extrêmement préoccupant», a lancé David Gaillard, inspecteur pour exo, le transporteur qui gère les trains de banlieue dans le grand Montréal.
Avec la pandémie, plus de gens passent du temps à l'extérieur autour de chez eux, et certains circulent sur les voies ferrées pour prendre un raccourci, promener leur chien ou faire une balade à vélo, ce qui est strictement interdit. Les contrevenants sont passibles d'une amende de 75$ plus des frais administratifs.
Trois à quatre interventions par jour sont requises depuis la mi-mars auprès de personnes qui sont sur les voies ou à proximité de celles-ci. Certains accèdent également aux ponts ferroviaires pour pêcher, particulièrement dans le secteur de Deux-Montagnes.
La trentaine d'inspecteurs d'exo doivent normalement faire au total plus de 1000 interpellations chaque année auprès de gens qui circulent sur les voies ferrées. Au rythme où vont les choses, l’année 2020 devrait battre un record alors qu'exo estime à environ 2500 le nombre d'interventions requises par ses inspecteurs notamment en raison du confinement.
La situation est d'autant plus problématique dans l'est de l'île de Montréal. Un train a dû par exemple s'immobiliser une vingtaine de minutes à la gare Ahuntsic à la fin octobre en raison d'une intrusion sur la voie. Les inspecteurs sont intervenus auprès d'un individu qui promenait son chien sur la voie ferrée, ce qui a occasionné des retards et un ralentissement de service sur l'ensemble de la ligne Mascouche.
Regroupements sur les voies ferrées
La fermeture des écoles par le gouvernement à la fin mars afin de contrer la propagation du coronavirus a amené des groupes de jeunes à se rassembler sur les voies ferrées. «Ce sont des lieux relativement isolés et qui servent de jeux pour les jeunes. [...] Ils occasionnent des troubles au niveau de notre réseau en plus de mettre leur vie en danger», a souligné le superviseur des inspecteurs d'exo, Rémy Argenton.
Ces inspecteurs remettent des milliers de constats d'infraction chaque année, notamment aux individus qui s'aventurent sur les voies ferrées ou sur l'enceinte ferroviaire d'exo.
Les policiers du Canadien National (CN) et du Canadien Pacifique (CP) donnent eux aussi des constats d'infraction sur leurs voies ferrées respectives.
Sept morts en 2020
Les intrusions sur les voies ferrées au Québec ont causé le décès de sept personnes entre janvier et octobre 2020, montrent des données du Bureau de la sécurité des transports du Canada.
Il faut toujours demeurer à une distance sécuritaire des trains, des voies ferrées et des propriétés ferroviaires, rappelle Opération Gareautrain, qui souhaite prévenir ces incidents tragiques facilement évitables.
«Les gens s'imaginent toujours qu'ils vont entendre le train et qu'il va s'arrêter rapidement, mais les trains de VIA Rail Canada peuvent rouler jusqu'à 165 km/h, ça peut prendre jusqu'à 2 km avant de s’immobiliser et il est souvent trop tard», a expliqué Jean-Guy DuSablon, coordonnateur régional de l’Est du Canada pour Opération Gareautrain.
Encore chaque année, entre un et deux jeunes se font happer mortellement par un train parce qu'ils ont les yeux rivés sur leur écran de cellulaire, note l'organisme qui souhaite que le message passe auprès des jeunes.
Incidents dus aux intrusions au Québec depuis 2015
*Données au 31 octobre 2020