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COVID-19: l’Amérique latine face au spectre d’une nouvelle «décennie perdue»

COVID-19: l’Amérique latine face au spectre d’une nouvelle «décennie perdue»
Photo d'archives, AFP


La pandémie provoquée par le coronavirus a détruit, en 2020, une grande partie de ce que l’Amérique latine était parvenue à réaliser au cours d’années de réformes et d’investissements: la pauvreté a explosé, le chômage a augmenté et la région doit désormais faire face au spectre d’une nouvelle «décennie perdue».

Le terme, inventé dans les années 1980 lorsque la crise de la dette a mis l’économie régionale à genoux, a été largement utilisé par les organismes internationaux pour décrire ce à quoi peut s’attendre le sous-continent en raison du coronavirus.

En octobre, au moment de la publication de ses perspectives économiques pour l’Amérique latine et les Caraïbes, le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu que la COVID-19 aurait «un large impact sur l’emploi» et pourrait anéantir «une partie des progrès sociaux réalisés par la région jusqu’en 2015».

Et selon l’organisme international, ce n’est qu’en 2025 que le revenu réel par habitant pourra retrouver le niveau qui était le sien avant la pandémie, soit une décennie.

Selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), le dernier organisme à avoir ajusté ses prévisions cette semaine, la région connaîtra une contraction de 7,7% de son activité économique en 2020, sa pire chute du PIB depuis un siècle.

En considérant les six dernières années de très faibles croissances (une moyenne de 0,3% entre 2014 et 2019) et les quatre qui sont estimées nécessaires pour revenir au niveau d’activité prépandémique, «nous pouvons dire que la région est confrontée à une nouvelle décennie perdue», abonde la secrétaire exécutive de la CEPALC, Alicia Barcena Ibarra.

En novembre, la CEPALC et l’Organisation internationale du travail (OIT) ont indiqué que 47 millions d’emplois seront perdus dans la région, 2,7 millions d’entreprises ayant fermé, ce qui porterait le taux de chômage à près de 11%, soit trois points de plus qu’en 2019.

Les femmes, les jeunes et les travailleurs peu qualifiés ont été les plus affectés par ces pertes d’emplois.

Alerte

L’Amérique latine est la zone géographique la plus touchée par la pandémie, avec 14,1 millions de personnes infectées et près de 478 000 décès.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé l’alerte: 17 millions de personnes «n’ont pas à manger», non seulement à cause de l’impact de la COVID-19, «mais aussi à cause des mesures d’isolement social qui ont empêché les gens» de générer des revenus pour survivre.

Début décembre, l’Unicef, l’agence des Nations unies pour l’enfance, a prévenu qu’au moins 23,4 millions d’enfants en Amérique latine et dans les Caraïbes avaient besoin d’aide humanitaire, soit trois fois plus que l’année précédente.

«Jamais auparavant autant d’enfants n’ont été touchés simultanément par de multiples situations d’urgence dans autant de pays», a déclaré Jean Gough, directeur régional de l’Unicef.

Selon la Banque mondiale, parmi les 650 millions de Latino-Américains, près de 29 millions pourraient se retrouver dans l’extrême pauvreté, leur proportion passant de 3,9% en 2017 à 4,4% en 2020. Avant la pandémie, la BM s’attendait à voir leur proportion baisser, à 3,7% cette année.

La CEPALC considère désormais comme essentiel que soient maintenues les aides des États aux familles et aux entreprises.

«On s’attend à ce que les incitations monétaires perdurent et que les incitations de politique budgétaire ne soient pas retirées prématurément. Sinon, la reprise attendue de l’activité pourrait être amputée», a prévenu la Commission.

Même le FMI, traditionnellement promoteur de politiques d’ajustement, a mis en avant le soutien budgétaire de 8% du PIB que les gouvernements ont apporté pour contenir l’effet de la pandémie, soulignant que «ces mesures exceptionnelles sont cruciales pour soutenir l’activité économique afin d’éviter des décélérations encore plus fortes et des répercussions sociales plus graves».







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