Facile d’obtenir une chirurgie esthétique en pleine pandémie
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Alors que le système de santé de la province est sous forte pression, que le délestage est commencé et que certains cancers ne sont même plus opérés, les chirurgies esthétiques semblent se poursuivre au privé comme s’il n’y avait pas de pandémie.
C’est l’équipe de Québec solidaire (QS) de Gabriel Nadeau-Dubois qui a mis au jour cette situation sur les réseaux sociaux.
«Mon équipe a réussi à obtenir un rendez-vous mercredi prochain dans une clinique privée pour me faire faire une augmentation des fesses «à la brésilienne» pour 7500$ plus taxes. Vous avez bien lu. Alors que dans nos hôpitaux publics des soins cruciaux sont délestés, des gens fortunés peuvent obtenir en 5 minutes un rendez-vous pour une chirurgie non essentielle au privé. L'équipe solidaire a appelé dans plusieurs cliniques et, partout, on nous a offert des rendez-vous rapides, pour des interventions qui, dans le public, sont délestées jusqu'à belle lurette», a dénoncé le co-porte-parole de QS.
Il juge que non seulement le privé devrait faire sa part pour soutenir le réseau public et la population en ces temps difficiles, mais que le gouvernement devrait réquisitionner les ressources du privé pour lutter contre la pandémie.
En entrevue sur LCN, il fait aussi référence au Protocole de priorisation aux soins intensifs, un document qui permet d’établir quel patient sera soigné en priorité dans le cas d’un engorgement complet des hôpitaux.
«Pendant qu’on envisage au public de faire ces choix-là, il est possible au privé d’obtenir des rendez-vous pour des chirurgies esthétiques, mais aussi pour d’autres interventions chirurgicales qui sont non prioritaires qui sont délestées au public», a soulevé Nadeau-Dubois.
Québec solidaire juge que les cliniques privées devraient être intégrées d’urgence au réseau public.
«Pourquoi? Pour que le personnel, le matériel, les espaces, que toutes les ressources qui sont gaspillées dans des interventions non prioritaires soient mises pour soutenir notre effort collectif dans la pandémie», a-t-il déclaré.
«Le gouvernement doit les mettre au pas et au service de notre lutte contre la pandémie.»
Le gouvernement du Québec fait déjà appel au privé, mais à très fort prix.
«Le gouvernement signe des contrats de gré à gré, négocie avec des cliniques privées qui le veulent bien, des contrats pour envoyer certaines chirurgies au privé, avec une marge de profit au passage. On est en pandémie, en guerre contre le virus. C’est un effort de guerre que fait la société québécoise en ce moment. Ça ne devrait pas être optionnel d’aider à l’effort de guerre si on est propriétaire d’une clinique privée. Ça devrait être obligatoire», a-t-il affirmé.
Il considère que, même en temps normal, le réseau de la santé à deux vitesses n’a pas sa raison d’être. En période de pandémie, encore moins.