Un homme autochtone sans-abri retrouvé mort au centre-ville de Montréal
Le sans-abri de 51 ans était tout près d’un refuge de nuit fermé depuis décembre en raison de la pandémie
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Le milieu de l’itinérance est ébranlé après la découverte du corps inanimé d’un sans-abri autochtone dans une toilette chimique à quelques pas d’un refuge de Montréal maintenant fermé la nuit, conséquence directe de la crise de la COVID-19.
« On a une belle démonstration d’une personne pour qui les conditions actuelles ont conduit à un scénario catastrophe », se désole Annie Savage, directrice générale du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).
- Écoutez l'entrevue du «curé de la rue» Claude Paradis avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
Dimanche matin, les ambulanciers ont constaté le décès de Raphaël André, 51 ans, victime d’un arrêt cardiaque dans une toilette portative située à quelques pas du centre La porte ouverte, sur Le Plateau-Mont-Royal.
L’organisme a fermé à la mi-décembre en raison d’une éclosion de coronavirus et d’un problème de plomberie, et n’a pas reçu l’aval des autorités pour rouvrir sa halte-chaleur nocturne depuis.
L’homme d’origine innue avait l’habitude de la fréquenter ou de dormir en refuge pendant l’hiver.
Mais, samedi dernier, pendant la tempête de neige et malgré le couvre-feu, M. André n’a pas été aperçu chez Projets autochtones du Québec (PAQ), où il avait pourtant dormi la veille.
De mal en pis dans la rue
Une enquête du coroner fera la lumière sur les circonstances entourant son décès. Le Service de police de la ville de Montréal ne soupçonne pas de motif criminel.
« Il y a une profonde tristesse que la vie de quelqu’un se termine comme ça », soupire Heather Johnston, directrice générale de PAQ.
- Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, était au micro de Geneviève Pettersen, sur QUB radio:
Dans la rue, les conséquences de la pandémie se font durement ressentir, de la peur de recevoir une amende pour non-respect du couvre-feu au manque de places en refuge à cause d’éclosions.
« Peut-être que [Raphaël André] était dans la toilette chimique pour ne pas se faire harceler pendant le couvre-feu », illustre Mélodie Racine, directrice générale de La porte ouverte.
Même si les lits se font rares dans certaines ressources pour la communauté autochtone, il y en aurait eu un pour lui samedi chez PAQ, glisse avec tristesse Mme Johnston.
Hier, près du lieu du drame, plusieurs personnes qui côtoyaient la victime au quotidien étaient ébranlées par son décès.
« Il était toujours amical, toujours bavard », souligne l’un d’entre eux, les yeux mouillés.
« J’étais là quand ils ont tenté de le réanimer. J’ai reconnu ses pantalons », lâche un second, visiblement bouleversé par la scène dont il a été témoin.
Venu de loin
Le défunt avait aussi des problèmes de santé, que ses amis relient à sa consommation excessive d’alcool.
Raphaël André avait quitté sa communauté d’origine de Matimekush-Lac John, à 500 kilomètres au nord de Sept-Îles, il y a déjà plusieurs années.
N’empêche, son décès secoue la collectivité de 800 habitants, raconte le chef du conseil de bande de l’endroit Réal McKenzie.
« Lien de parenté ou pas, c’est évident qu’on est tous touchés par [cette mort] ».