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Que savons-nous des effets de l’école virtuelle ?

Plagiat - Fin de session
Photo d’archives, Chantal Poirier

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L’école virtuelle s’est imposée à la grandeur de la planète avec l’arrivée de la COVID-19. Nous tenons à saluer le travail colossal réalisé par le personnel scolaire pour mettre en place, du jour au lendemain, ce type d’enseignement dans les écoles.  

Au cours des derniers mois, certains états ont mandaté des chercheurs pour mesurer les effets de l’école virtuelle en contexte de pandémie, ce qui malheureusement ne semble pas, à notre connaissance, avoir été fait au Québec. Les résultats observés de ces études sont négatifs et montrent que les écarts de rendement entre les enfants à risque et les autres s’amplifient, et ce, même dans les pays qui étaient les mieux préparés à faire de l’enseignement à distance, notamment les Pays-Bas[1]

Bien avant la pandémie...

Il importe de savoir que de nombreuses recherches sur les effets de l’école virtuelle ont été réalisées aux États-Unis au cours des 20 dernières années, donc bien avant la pandémie. 

Les effets montrés par ces recherches sont, sans ambiguïté, généralement négatifs pour l’ensemble de la clientèle qui ont fréquenté ces écoles et plus particulièrement pour les enfants à risque. Dans ces études, les chercheurs ont comparé le rendement des élèves recevant un enseignement exclusivement à distance à celui des enfants fréquentant une école traditionnelle de briques et mortier et recevant un enseignement en présentiel. 

À ce sujet, une recherche récente ayant analysé le rendement scolaire d’enfants de la 3e à la 8e année (un échantillon d’environ 2000 élèves) pendant sept ans a montré un effet profondément négatif de la fréquentation d’une école virtuelle en dépit du fait que ces enfants provenaient de milieux plutôt favorisés[2]

L’école virtuelle ne peut être l’école de demain

Devant l’état des recherches dans ce domaine, plusieurs chercheurs ont recommandé un moratoire sur le développement de ce type d’établissement afin de pouvoir investiguer les causes d’un tel fiasco. Ainsi, sur la base des résultats de recherches obtenus à ce jour, nous pouvons affirmer, haut et fort, que l’école virtuelle ne peut être l’école de demain pour nos enfants et nos adolescents.

Faut-il rappeler qu’au niveau universitaire, l’enseignement à distance, sans pandémie, ne convient pas à tous les étudiants, comme les taux d’abandons le démontrent (ceux-ci pouvant atteindre parfois plus de 50 %). Par conséquent, il est utopique de penser que des enfants de 4 à 16 ans puissent bénéficier davantage d’un enseignement virtuel que des étudiants universitaires !

Développement socio-affectif

À ce qui a été mentionné précédemment, il convient d’ajouter des préoccupations concernant le développement socio-affectif. Aucune technologie ne peut remplacer une accolade, une poignée de main, un sourire, un regard et une présence physique réelle... Il suffisait d’observer, au retour du congé de Noël, la rentrée scolaire des enfants et des adolescents pour voir dans leurs yeux le plaisir de revoir leurs amis et le personnel scolaire. 

De même, les étudiants du postsecondaire ont applaudi à l’annonce de la réouverture des institutions (le 8 février 2021), tout en critiquant la fréquentation limitée à une journée par semaine. La socialisation est l’une des missions de l’école québécoise et la distance affecte inévitablement le développement socio-affectif des élèves.

Toutefois, lorsque les écoles sont fermées pour des raisons de forces majeures et dans le cas d’élèves vivant une situation particulière, un enseignement à distance permet la poursuite des apprentissages. Il faut alors s’assurer que cet enseignement virtuel soit le plus efficace possible en se basant sur les données probantes des recherches scientifiques. 

Pour l’avenir, nous avons besoin de beaucoup plus de recherches scientifiques afin de rendre efficace ce type d’enseignement pour le déployer en cas de besoin. 

Plagiat - Fin de session
Photo Courtoisie

- Steve Bissonnette, Université TÉLUQ

Plagiat - Fin de session
Photo Courtoisie

- Christian Boyer, Éditions de l’apprentissage 

[1] https://osf.io/preprints/socarxiv/ve4z7/
[2] https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.3102/0013189X20909814
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