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Ces roses qui viennent de loin

Les bouquets offerts par les Québécois le 14 février ont quitté l’Amérique du Sud... à la fin janvier

DOSSIER FLEURS ST-VALENTIN
Photo Martin Alarie Nakula Lacroix a commandé 20 000 roses qui sont arrivées 10 jours avant la Saint-Valentin à l’entrepôt du Marché floral interprovincial dans l’arrondissement Saint-Laurent.

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Près de 20 000 roses ont parcouru plus de 5500 kilomètres à bord d’un avion, puis d’un camion réfrigéré en passant par trois pays avant d’arriver au Québec pour faire le bonheur des grands romantiques.

« Les clients ne s’en rendent pas compte, mais ça fait longtemps que les roses ont été coupées quand ils les achètent », souligne l’importateur de fleurs Nakula Lacroix.

Le Journal s’est penché sur ce petit miracle de logistique et de coordination en suivant le périple d’un bouquet de roses parti de Quito, en Équateur, le 30 janvier et arrivé à temps pour la fête de l’amour

Dans l’industrie depuis 32 ans, M. Lacroix supervise les nombreuses étapes de l’importation de fleurs pour les clients du Marché floral interprovincial, basé dans Saint-Laurent à Montréal.

Le parcours de ses « roses de la Saint-Valentin » commence des mois plus tôt en Équateur ou en Colombie, d’où le Canada importe 95 % de ces fleurs.

Dans des serres en altitude, idéales pour la coloration des pétales, les rosiers s’étendent à perte de vue, raconte-t-il.

Des millions de roses en un mois

Les acheteurs de l’étranger passent leur commande aux producteurs locaux dès octobre en prévision de la Saint-Valentin.

Rien qu’en février 2020, le Canada importait 1,1 million de douzaines de roses.

« C’est la fête qu’on déteste le plus ! blague M. Lacroix. C’est tellement... spécifique. »

En l’espace de deux semaines, son entreprise écoulera trois fois plus de roses qu’à la normale, avec le casse-tête d’approvisionnement que cela implique, en temps de pandémie qui plus est.

« Cette année, les fermes ont manqué d’employés pendant des mois alors la production a été très au ralenti », souligne l’acheteur.

Il a commandé beaucoup moins de roses que l’an dernier, et les a payées plus cher.

En Amérique du Sud, le branle-bas de combat a débuté en janvier, à l’heure de couper les fleurs qui nous intéressent pour les commandes de l’international.

Puis, les producteurs les ont emballées délicatement en boîtes de 100 ou 125 tiges.

Les roses n’ont pas voyagé dans l’eau : elles ont plutôt été refroidies à une température de 5 °C qui les a mises en dormance et qui a facilité leur transport.

Premier arrêt : Miami

Ce camion de 53 pieds rempli de fleurs a quitté Miami le 2 février.
Photo Martin Alarie
Ce camion de 53 pieds rempli de fleurs a quitté Miami le 2 février.

Le 30 janvier, elles ont pris un avion de Quito jusqu’à Miami.

À l’atterrissage, « c’était l’été et il faisait 30 °C sur le tarmac », explique Nakula Lacroix, en soulignant que la chaleur est le pire ennemi du fleuriste.

Un agent de cargo a donc entreposé rapidement les roses dans une chambre froide géante en attendant leur correspondance pour Montréal.

La variété préférée des amoureux, la « Freedom » d’un rouge classique, constituait la moitié de la cargaison, mais Nakula Lacroix en a pour tous les goûts.

Elles ont ensuite été embarquées dans un camion de 53 pieds qui a roulé du mardi soir 2 février au jeudi matin, 5 h 30.

Le parfum des roses

Le Journal était présent pour accueillir les fleurs ainsi qu’Andrej et Zoran, qui se sont relayés au volant sans interruption.

Les conducteurs ont suivi de près la tempête de neige qui a déferlé sur la côte Est cette semaine-là, en évitant le plus gros des précipitations.

« On est habitués », a dit Zoran, visiblement fatigué.

À leur arrivée à l’entrepôt, un ballet de chariots s’est enclenché pour décharger la fragile cargaison au parfum caractéristique des roses fraîchement coupées.

L’importateur s’assure que le compte est bon.
Photo Martin Alarie
L’importateur s’assure que le compte est bon.

« C’est un produit périssable qui voyage. Tout peut arriver. C’est très stressant, les fleurs », confie Nakula Lacroix.

Après avoir compté les boîtes une à une et ouvert quelques paquets, le vétéran de l’importation a poussé un soupir de soulagement : ses 20 000 roses y étaient, intactes, parfumées et prêtes à être offertes aux tourtereaux.

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