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Une rapide guérison du cancer grâce à ses cellules

Ce traitement novateur devrait être plus accessible, croit la mère d’une patiente

GEN-THERAPIE-GENIQUE
La petite Olivia Labelle, 7 ans, et sa mère, Anabelle Soucy-Côté, étaient de passage hier à l’Hôpital Sainte-Justine pour un suivi auprès du Dr Henrique Bittencourt. La jeune patiente est la première à bénéficier d’un nouveau traitement prometteur. Photo Agence QMI, Joël Lemay


La première jeune patiente québécoise à combattre la leucémie à l’aide de ses propres cellules génétiquement modifiées est aujourd’hui en rémission complète grâce à un nouveau traitement prometteur.

« On est extrêmement soulagés », lâche sa maman, Anabelle Soucy-Côté, en tenant la petite Olivia Labelle contre elle. 

Rencontrée hier au CHU Sainte-Justine dans le cadre de la Journée internationale du cancer de l’enfant, la fillette de 7 ans s’affairait sur son bricolage de la Saint-Valentin en attendant son suivi, en après-midi. 

Derrière ses cheveux bouclés, impossible de deviner que la jeune fille énergique est en rémission d’une leucémie lymphoblastique, qui lui a été diagnostiquée l’année d’avant. 

Cette forme de cancer, qui se développe dans les cellules souches du sang, est très fréquente, avec un taux de guérison habituellement très élevé.

Elle réagit mal

Or, après quelques mois de chimiothérapie, les médecins ont découvert que la petite était réfractaire aux traitements. Elle faisait partie de la minorité de jeunes patients pour qui cela ne fonctionne pas.

« Pour son profil, on parlait d’un 95 % de chances de réussite. Pour nous, les chiffres étaient de notre bord... Ça a été épouvantable. D’apprendre qu’elle était réfractaire, ça a été la deuxième grosse frousse », évoque sa mère en frissonnant. 

Heureusement pour Olivia, un nouveau traitement – la thérapie génique – venait tout juste d’être approuvé par Santé Canada, et elle a pu être la première jeune patiente au Québec à en bénéficier. 

Cette thérapie, qui consiste à extraire les cellules anormales d’un patient pour les corriger en laboratoire avant de les réintroduire dans le système, entraîne beaucoup moins de séquelles ou d’effets secondaires. Le taux de réussite à long terme est par ailleurs beaucoup plus élevé. 

Un raccourci

Quelques jours après son traitement, la petite avait déjà regagné toute son énergie, et coursait sur de petits bolides en plastique dans les couloirs de l’hôpital contre son infirmière pivot et l’un de ses médecins, le Dr Henrique Bittencourt. 

« Finalement, ça a été un raccourci. Ceux qui ont été diagnostiqués en même temps sont sur la fin de leur traitement de chimio, et nous, on a de longs cheveux qui poussent, sans effets secondaires », se réjouit la maman un an et demi plus tard.

Elle espère que le gouvernement continuera de financer la recherche pour que ce traitement, qui coûte de 400 000 $ à 600 000 $, en devienne un de première ligne. Actuellement, seulement une dizaine d’enfants peuvent profiter de la thérapie génique chaque année. 

Rapide, efficace... et très coûteux  

Il faut continuer de financer les recherches pour la thérapie génique de façon à rendre le traitement beaucoup plus accessible au Québec, croient les deux chercheurs qui s’occupaient de la jeune Olivia. 

« Ces nouveaux traitements sont beaucoup plus efficaces et beaucoup moins toxiques que ce qu’on pouvait faire auparavant, explique le Dr Pierre Teira, oncologue au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Par contre, ce sont des traitements nouveaux, donc ils sont extrêmement chers. On parle de centaines de milliers de dollars par patient. »

La thérapie génique permet à un malade de combattre le cancer à l’aide de ses propres cellules, modifiées génétiquement en laboratoire. 

Après avoir prélevé les lymphocytes – un type de globules blancs qui aide à détruire les cellules anormales –, ces dernières sont envoyées dans un laboratoire aux États-Unis qui modifie leur code génétique. Puis, le médicament sur mesure est injecté à nouveau dans le corps du patient.  

Sauver plus de jeunes

Cette nouvelle méthode pourrait permettre de sauver beaucoup plus de jeunes patients chaque année, sans séquelles et sans effets secondaires, espère le Dr Pierre Teira. 

« On arrive à traiter des patients qu’on n’était pas capable de guérir, même avec les chimiothérapies les plus fortes ou des thérapies ciblées, poursuit-il. Là, avec quelques jours en hospitalisation et aucune séquelle, Olivia est en rémission complète. »

« Pour ceux qui sont résistants aux traitements conventionnels et dont les perspectives de guérison sont considérées à moins de 10 %, on revient à des taux d’environ 50 % », précise son collègue, le Dr Henrique Bittencourt.

Localement

Dans l’espoir de pouvoir développer le médicament localement, ils ont bâti un programme de développement à Sainte-Justine. Leur protocole, qui vient d’être approuvé par le gouvernement, pourrait ouvrir de nombreuses portes à la recherche en immunologie.  

« On espère que ça va se développer, et qu’on aura ce type de traitement pour tous les types de cancer », conclut Pierre Teira. 

« Et au-delà du cancer, la thérapie génique peut être bénéfique pour les maladies chroniques, qui ont des mutations qu’on peut corriger », complète son collègue. 







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