Accès difficile à internet : une hausse de taxes qui vaut la peine pour les citoyens
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Les citoyens de la MRC de Bécancour ont parié sur la bonne mise en acceptant une hausse de taxes de 48 $ par an pour être branchés à la haute vitesse. Ils économisent jusqu’à 600 $ par an.
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Pour arriver à brancher ses citoyens à une connexion digne de ce nom, la MRC de Bécancour n’a pas attendu l’aide des gouvernements, en 2015, pour aller de l’avant avec son projet.
« La clé, c’était d’assurer un partenariat avec un partenaire privé et qu’on construise nous-mêmes le réseau, a expliqué le directeur général, Daniel Béliveau. On a demandé à Sogetel d’assurer le service internet et le réseau de télévision. C’est ce qui nous a permis de minimiser les risques et d’assurer une rentabilité à long terme. »
Échelonner sur 20 ans le projet a entraîné une hausse de taxes de 48 $ annuellement aux citoyens. Les retombées de l’investissement ne se sont toutefois pas fait attendre.
« Avec l’entente que nous avons avec Sogetel, les gens font quand même des économies de 500 $ à 600 $ en moyenne par année pour un service qui est 100 fois supérieur à ce qu’on avait avant dans la région [...]. Un agriculteur qui avait le satellite, ça pouvait lui coûter 300 $ par mois », a souligné le directeur général, qui est en poste depuis six ans.
Dans quelques mois, la quasi--totalité des 20 000 habitants de la MRC de Bécancour, qui compte une vingtaine de municipalités, pourra compter sur un tel service.
Moyen de séduction
« Ça nous donne assurément un avantage stratégique sur les municipalités voisines, a dit M. Béliveau. Dès qu’on a offert la fibre optique, on a commencé à accueillir des familles de l’extérieur de la région. »
« Avant même la pandémie, la première question qu’on nous posait c’était : “Avez-vous de la fibre optique ?” La COVID-19 a augmenté les besoins de télétravail, mais ce n’était plus un enjeu pour plus de 80 % des familles sur notre territoire. »
Dans une MRC voisine, celle de L’Érable, la municipalité de Villeroy et les paroisses de Plessisville et Notre-Dame-de-Lourdes sont les trois seules municipalités à avoir assumé elles-mêmes les frais, il y a quatre ans, pour se doter rapidement de la technologie filaire, elles aussi, afin de fournir une connexion internet à haut débit à leurs citoyens.
Ventes
Le maire de Notre-Dame-de-Lourdes, Jocelyn Bédard, a remarqué qu’il a plus de facilité à séduire des familles à la recherche d’un nouvel endroit pour s’installer que ses homologues des municipalités voisines.
« Depuis qu’on a la fibre optique, les maisons se vendent comme des petits pains chauds, a déclaré celui qui est aussi préfet de la MRC de L’Érable. On a développé une rue qui longeait une rivière et, en l’espace de deux ans, c’était déjà terminé. On attire beaucoup plus des gens de l’extérieur. La différence a été très marquante. »
Cela dit, même s’il y a du positif au Centre-du-Québec, la situation est loin d’être optimale partout.
Encore du travail à faire
Le préfet de la MRC de L’Érable, Jocelyn Bédard, estime que sur son territoire de 2500 à 3000 foyers sont mal desservis par satellite ou non desservis par internet haut débit.
Il reconnaît qu’il y a encore « beaucoup de travail à faire dans la MRC ». Les bonnes nouvelles tardent à se concrétiser.
« Le gouvernement provincial a accordé une subvention qui couvrirait de 1000 à 1100 résidences. On m’a dit que le CRTC préparait aussi une autre annonce pour subventionner la connexion de près de 1000 résidences, à la fin novembre. Je n’ai rien vu de tout cela encore. Lorsqu’on prend de l’information de nos députés, on se fait dire d’attendre le CRTC. À la vitesse que cela avance, je présume que le CRTC n’a pas encore la haute vitesse », a ironisé M. Bédard.