Puiser sa force dans le deuil: elle «change de vie» après le décès tragique de sa mère
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Une jeune femme de Québec a complètement «changé de vie» après avoir vu sa mère mourir dans un accident de bateau, quittant son emploi à la DPJ pour lancer sa propre entreprise de confection de bijoux.
«La vie s’occupe bien des choses malgré les épreuves [...] Il y a toujours du beau qui s’en vient», affirme avec résilience Jessie Bourgault, âgée de 38 ans.
Il y a un an, elle quittait la Direction de la protection de la jeunesse, où elle a été travailleuse sociale pendant 12 ans, pour se consacrer entièrement à son entreprise, Midi34.
En pleine pandémie l’an dernier, son chiffre d’affaires a bondi de plus de 40 %.
Certaines de ses collections sont même aujourd’hui commercialisées par les magasins Simons.
«Je m’étais toujours dit, si un jour je rentre chez Simons, j’ai réussi. [...]», dit-elle.
«Il y a une étoile derrière ça. Ma mère aimait tellement les bijoux», dit-elle avec émotion.
Pour la créatrice, le nom de son entreprise représente l’heure à laquelle plusieurs « changements importants » sont survenus dans sa vie.
Tragédie sur le fleuve
La vie de Jessie Bourgault a complètement basculé le 3 juillet 2016, alors qu’elle a assisté, impuissante, à la mort de sa mère, son «pilier», lorsque le bateau sur lequel elles se trouvaient a chaviré.
Ils étaient 12 membres de la famille à bord d’une embarcation, en direction de l’île d’Orléans, lorsque le malheur a frappé.
«Tout est allé vraiment vite, on parle de quelques secondes. Il y a eu une première vague, l’eau est rentrée à la hauteur des bancs, puis une deuxième a englouti le bateau et une troisième, qui nous a pris sur le côté et nous a expulsés», raconte la jeune femme.
«Je n’arrivais pas à remonter à la surface [...] Je me suis sentie partir, je pensais que j’étais en train de mourir», se remémore-t-elle.
Figée par la peur
En quelques minutes, tout le monde a pu regagner l’embarcation, sauf sa mère, Céline Grenier-Bourgault, âgée de 64 ans, qui a été emportée par le courant.
«Ma mère a dérivé. Je me souviens d’être spectatrice de ce qui se passe, mais complètement absente, figée par la peur», raconte-t-elle la voix nouée par l’émotion.
L’année qui a suivi a été très difficile, confie-t-elle. Victime d’un choc post-traumatique et d’anxiété aiguë, elle dit avoir «touché le fond».
C’est sa «passion de créer» qui l’a sauvée, indique-t-elle.
«J’ai ressorti mes pinceaux, mes toiles, et j’ai commencé à faire des bijoux pour moi. Mais, chaque fois que je les montrais, quelqu’un en voulait», dit-elle en riant.
«J’ai appris à en faire au fil du temps», affirme-t-elle.