Manger selon son ADN
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La nutrigénomique est un champ de recherche fort intéressant en nutrition. Cette science suscite de plus en plus l’intérêt des chercheurs. En somme, l’avenir de la nutrition pourrait être si personnalisé que les conseils nutritionnels varieraient selon votre profil génétique. Vos gènes pourraient expliquer votre sensibilité à la caféine, au gluten ou encore votre prédisposition à gagner du poids selon votre apport en glucides ou en lipides.
Nutrigénomique vs nutrigénétique
Bien que les définitions officielles varient selon les organismes, la nutrigénomique englobe la nutrigénétique. Elle analyse les interactions entre le génome et l’alimentation.
Cette science à l’avenir prometteur permettra de personnaliser l’alimentation ainsi que d’individualiser les plans de traitements nutritionnels des individus selon leur profil génétique. Si les nutritionnistes personnalisent déjà leurs conseils en fonction des données anthropométriques, de l’histoire familiale et médicale, des habitudes alimentaires et préférences, du bilan sanguin, la nutrigénomique ouvre la voie à des conseils encore plus personnalisés.
Sachant que les recommandations nutritionnelles émises par Santé Canada, tel que les apports nutritionnels de référence (ANREF), sont destinées à la population générale, la nutrigénomique propose d’orienter les recommandations en termes de macro et micronutriments en fonction de nos besoins individuels dictés par nos gènes. Cette science peut aussi permettre de connaître notre sensibilité par rapport aux gras saturés, au sodium et à la caféine afin de réduire les risques de maladies chroniques.
Dans un contexte préventif, la nutrigénomique peut indiquer quel nutriment ou aliment peut avoir un effet bénéfique sur la santé en informant l’individu sur son risque futur de développer certaines maladies, comme les maladies cardiovasculaires, les maladies inflammatoires de l’intestin ainsi que certaines maladies associées à la santé mentale, comme la dépression.
Les nutriments ciblés par les tests
Les tests proposés au Québec ciblent différents éléments nutritionnels, dont la vitamine C, les folates, la charge glycémique, les acides gras oméga-3, le sodium, la caféine, la vitamine D, les gras saturés, le lactose et le gluten.
Les tests génétiques en lien avec la nutrition impliquent le prélèvement de la salive. Ils sont offerts en privé seulement. BiogeniQ et Nutrigenomix® offrent au Québec ces tests génétiques à des prix variant entre 335 $ et 399 $.
Des résultats interprétés avec un professionnel
Les tests de nutrigénomique commandés sur internet sans avoir vu au préalable une nutritionniste devraient être utilisés avec précaution. Ils ne devraient jamais remplacer une évaluation médicale, des tests d’investigation ou encore une évaluation nutritionnelle. Il importe de consulter un professionnel de la santé pour choisir le bon test, mieux comprendre les résultats, être en mesure de personnaliser les recommandations et ainsi augmenter le niveau d’adhésion à long terme aux recommandations nutritionnelles.
En 2016, l’Ordre professionnel des diététistes du Québec (OPDQ) émettait un avis invitant à la prudence. Le rapport concluait que les données scientifiques étaient encore insuffisantes pour supporter la mise en place de ces tests en clinique privée et qu’il n’existait encore aucune ligne directrice qui appuie son utilisation hors du contexte de recherche.
Les Québécois intéressés
Selon une étude récente (1), près de 91 % des gens seraient prêts à suivre une alimentation personnalisée suite à un test nutrigénétique (ou nutrigénomique), surtout s’ils savent qu’ils sont porteurs d’une variation génétique qui accroît le risque de développer certaines maladies. À titre d’exemple, 85 % d’entre eux rapportaient être prêts à remplacer la majorité de leurs produits céréaliers par des grains entiers s’ils savaient qu’ils sont à risque de développer un diabète de type 2. Ce pourcentage chutait à 66 % s’ils étaient conscients de ne pas être porteurs de la variation génétique associée à la maladie. Ils étaient aussi intéressés à connaître l’effet métabolique des macronutriments (glucides, acides gras, protéines) que l’impact des micronutriments (comme les folates).
1 L’étude a été menée auprès de 2238 Québécois en 2019 par la Dre Marie-Claude Vohl et son équipe de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval.
♦ Merci à Fatima-Zahra Mesnaoui, stagiaire en nutrition, pour sa précieuse collaboration et à Marie-Claude Vohl, chercheuse et professeure, pour la révision du texte.
♦ Pour d’autres conseils : visitez isabellehuot.com