COVID-19: 3,5 fois plus de morts dans les quartiers multiethniques du Québec
La mortalité liée à la COVID-19 a été au moins trois fois plus élevée dans les quartiers multiethniques du Québec, révèle un rapport de Statistique Canada publié mercredi.
Pour arriver à cette conclusion, l'organisme a comparé le taux de décès par habitant dans les quartiers comptant au moins 25 % de minorités visibles avec les quartiers blancs comptant moins de 1 % de personnes issues de minorités visibles.
Au Québec, province la plus durement touchée au pays par la pandémie, le taux de mortalité dans les quartiers multiethniques a donc atteint 123 décès par 100 000 habitants, contre 35,1 décès par 100 000 habitants pour les quartiers les moins métissés. C'est donc dire que la COVID-19 a fait 3,5 fois plus de victimes dans les quartiers multiethniques.
Bien que les taux de mortalité soient bien plus bas en Ontario, la disparité y est presque identique, avec 3,4 fois de décès dans les quartiers multiethniques que dans ceux qui sont les moins diversifiés.
Ce taux est même 11 fois plus élevé en Colombie-Britannique, avec 5.6 décès par 100 000 habitants dans les quartiers multiethniques, contre 0,5 dans les quartiers blancs.
«Les différences étaient en grande partie attribuables au taux plus élevé de décès et à la concentration des minorités visibles dans les plus grandes villes du Canada», a expliqué Statistique Canada dans son rapport.
Si on tient seulement compte de la Ville de Montréal, l'écart se resserre, mais demeure particulièrement marquant en examinant le cas de la population noire.
«À Montréal, le taux de mortalité était de 149,3 décès pour 100 000 habitants dans les secteurs comptant la plus forte proportion de Canadiens noirs, comparativement à 88,1 décès pour 100 000 habitants dans les secteurs comptant la plus faible proportion de Canadiens noirs», a souligné l'organisme fédéral.
Ces données tendent à confirmer les données de la santé publique montréalaise, qui a souligné à plusieurs reprises que la pandémie se concentrait surtout dans les secteurs les plus défavorisés et multiethniques de l'île, incluant Côte-Saint-Luc, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Saint-Léonard et Montréal-Nord, tandis que les secteurs plus à l'ouest de Montréal ont connu des taux d'infections bien plus faibles que la moyenne.
Surmortalité connexe
Par ailleurs, Statistique Canada a noté que la pandémie a aussi entraîné une surmortalité qui n'est pas directement attribuable au virus, mais plutôt une conséquence indirecte.
Notamment, plus de décès qu'attendu sont survenus en Colombie-Britannique et en Alberta, particulièrement de jeunes hommes qui ont péri des suites de surdoses de drogue.
En effet, la crise des opiacées qui ravage ces deux provinces a repris de plus belle au cours de la dernière année, particulièrement dans la province du Pacifique qui a connu sa pire année avec un nombre de morts dus aux surdoses plus élevé que le nombre de décès liés au SRAS-CoV-2.
L'organisme fédéral s'attend aussi à une hausse des diagnostics de cancer et, incidemment, à une hausse de la mortalité liée à cette maladie en raison du report d'examen dans les hôpitaux, qui font en sorte que plus de cas seront découverts trop tard pour pouvoir être bien traités.